Sepultura : Changement de garde

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que le chanteur Max Cavalera annonçait qu’il quittait Sepultura en janvier 1996. Par la suite, Max est revenu en force avec sa nouvelle formation Soulfly, suivi, quelques mois plus tard, du nouveau disque de Sepultura, Against. En août dernier, après des mois de silence, le groupe décidait à raconter aux médias sa version des faits. «Le 16 décembre 1995, on a avisé notre gérante (et épouse de Max), Gloria Cavalera qu’on ne renouvelait pas son contrat parce qu’Andreas, Igor et moi n’étions plus satisfait de son travail. Nos opinions n’étaient jamais respectées. Max était devenu le seul porte-parole du groupe. C’était très frustrant, car c’était comme si on n’existait qu’à travers lui, explique Paulo Pinto, le bassiste de la formation. Quand, quelques semaines plus tard, il nous a annoncé son départ, on a bien failli tout abandonner.»Toutefois, une fois la poussière retombée, le guitariste Andreas Kisser, le batteur et percussionniste Igor Cavalera (le frère de Max) et Paulo ont décidé de profiter de cette occasion pour reprendre le contrôle créatif de Sepultura. «On s’est donc remis à la composition sous forme de trio, Andreas s’improvisant chanteur. C’est après l’enregistrement d’un démo des premiers morceaux qu’on avait composés qu’on a réalisé qu’il nous fallait absolument un nouveau chanteur. On a fait circuler la nouvelle, et on a auditionné plusieurs personnes avant de rencontrer Derrick Greene, qui nous avait été recommandé par un employé de notre compagnie de disques, Roadrunner», raconte Paulo.

C’est après avoir entendu une compilation de Greene, lorsqu’il faisait partie des groupes Outface et Alpha Jerk, que les gars ont décidé de l’inviter au Brésil pour une audition. «Derrick est issu d’un milieu hardcore, et c’est ce qui nous attirés. Tant qu’à repartir à neuf, on voulait un chanteur dont le style serait totalement différent de celui de Max.» Il ajoute que ce qui a fait pencher la balance pour Derrick, c’est sa rapidité d’adaptation au style musical du groupe. «Il a une voix puissante mais il peut aussi chanter avec une voix plus mélodique.»

En fin de compte, si les quinze morceaux d’Against ne sont pas aux antipodes de Roots, ils se démarquent suffisamment, démontrant que Sepultura a bel et bien fait un pas en avant. «Depuis nos débuts en 1986, chaque album s’est démarqué de l’autre. C’est ce qu’on a voulu faire avec Against. Sur le disque, il y a des morceaux rapides, d’autres plus hardcore, d’autres très lourds. Mais on n’a pas sacrifié le côté mélodique pour autant. On est allé au Japon pour enregistrer une pièce instrumentale intitulée Kamaitachi avec le groupe de percussionnistes Kodo. On est vraiment contents de cette pièce. Je pense que les gens vont être très surpris en entendant l’album car beaucoup de personnes croient que sans Max, Sepultura nexiste pas», poursuit le bassiste. Malgré les difficultés que Sepultura a traversées depuis le départ de Max, Paulo se dit heureux d’une chose: «Ça nous a permis de constater à quel point les gens peuvent se montrer encourageants à travers les épreuves. On a hâte de les remercier lors de la tournée.»

Le 6 mars Au Métropolis