Le 4 mars, au Centre Molson
Pour les avoir vus au CEPSUM, il y a quelques années, on savait les gars de The Offspring capables de faire lever une foule de n’importe quelle taille, une impression confirmée dès les premières minutes de leur concert du Centre Molson, la semaine dernière. Le tempo fut vite donné avec Session (seule pièce de la soirée datant de la période pré-Smash) et le parterre, libéré de ses sièges, s’est rapidement transformé en l’un des plus gros mosh-pits jamais vus. Puis, alors que s’empilent les chansons d’Americana, on s’interroge sur le difficile passage de l’underground au grand public. Après quelques morceaux, on doit se rendre à l’évidence: The Offspring est maintenant un groupe d’aréna, efficace mais sans surprises, pas plus punk ou plus dangereux qu’Aerosmith. Ça n’empêchera pas les quatre gars d’Orange County de nous donner une séquence foudroyante, durant laquelle ils enfileront Kids Aren’t Alright, Gotta Get Away et Smash. Puis, vient l’ultime symbole de la déchéance: le clou du spectacle est marqué par l’arrivée sur scène du pseudo b-boy du vidéoclip de Pretty Fly (For a White Guy), qui reçoit les plus gros applaudissements de la soirée. Distraite et amusée par le break dance approximatif de son antihéros, la foule laisse The Offspring livrer une version paresseuse de son plus grand hit avec des chours enregistrés. Debout à quelques sièges du mien, un jeune homme d’environ seize ans exulte: à la fois fier et complètement inconscient de l’ironie de la situation, il porte un accoutrement en tous points identique à celui du clown qui se démène sur scène. Le punk est-il bel et bien mort? L’inutile reprise de Feelings (pas celle des Pistols), en fin de parcours, ne fera qu’accentuer le malaise. (Nicolas Tittley)
RudeLuck
Le 4 mars, au Spectrum
À peine arrivé de la Ville lumière, où il fait partie de la distribution de Notre-Dame de Paris, dans le rôle de Clopin, Luck Mervil a retrouvé avec un plaisir palpable les membres de RudeLuck. Et on l’a vite compris dès le début, lorsque le groupe a entonné Tout recommencer. Coup d’envoi libérateur. On le savait, Mervil avait hâte. Ce rendez-vous presque improvisé avait ses impératifs: évacuer l’impatience provoquée par leur longue absence de la scène. Renouer avec leur fidèle auditoire qui ne se pouvait plus. Tester devant public les chansons de Pour le meilleur et pour le pire, leur troisième album. Quatre choristes étaient là, enthousiastes et grouillantes, question de rehausser les festivités. RudeLuck a cette grande qualité d’en donner plus que le client n’en demande. Cette soirée du 4 mars fut aisément de cette lignée. Après avoir offert en partage les gros titres, Parlez-moi d’amour, Faut pas craquer, etc., Mervil s’est exclamé en reprenant son souffle: «Mon décalage horaire vient de partir!» Et, à partir de cet instant, la soirée a pris une nouvelle tournure. Changer le monde, universelle et rassembleuse, s’est métamorphosée en funk (Soul Power) et en gospel (Love Sweet Chariot), et dans cette allégresse, Mervil envoya: «RudeLuck, c’est aussi vous!» Puis Madeleine: «Roulez les rara, roulez les compas. Ce qui compte, c’est la transe!» Quelques invités-surprises: Kombin Lakail, de Montréal-Nord, se sont échangé quelques énergiques couplets façon hip-hop; Charles Papasoff injecta ses notes de saxophone dans une mouture improvisée; et Miguel Lino et J.C. Peace sont venus danser. Toutefois, les jams m’ont paru d’une interminable longueur. (Claude Côté)
La Chanson de la semaine
Mara Tremblay Le Teint de Linda (Audiogram/Sélect)
Premier extrait du Chihuahua, l’album le plus étonnant de notre hiver, avec son mélange de country et d’expérimentations sonores. Une chanson à l’image de la chanteuse: éclatée et éclatante. (Laurent Saulnier)