Coral Egan : La fille à sa mère
Musique

Coral Egan : La fille à sa mère

À pareille date, l’année dernière, la chanteuse Coral Egan faisait ses débuts au Zest. Toute l’attention qu’a reçue le Coral Trio, malgré le fait que la leader est la fille de la pétillante Karen Young, était, à mon avis, prématurée. Pas que la jeune dame de vingt-cinq ans n’avait pas la capacité ou les aptitudes pour remplir un tel rôle, celui de la jazzwoman éclatée et non conventionnelle, mais avant de s’emporter, il fallait bien lui laisser prendre sa place.

Pourtant, ses premiers balbutiements derrière un micro ne datent pas d’hier. Déjà en 1986, à l’âge de douze ans, Coral Egan chantait sur Contredanse, l’album de sa mère. Puis déboulèrent une série de collaborations familiales: sur trois autres albums de Young, en plus d’une participation, jusqu’à l’an dernier, à plusieurs de ses concerts. Récemment, on entendait sa voix douce et fragile dans le téméraire projet Catharsis de Charles Papasoff.

Toutes ces manouvres intrigantes ont servi. Parce que Coral Egan écrit plein de chansons en ce moment, et qu’elle a fermement décidé de suivre le chemin tracé par sa muse de mère. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, Coral (on gage qu’elle laissera tomber le nom de famille) travaille déjà sur la pré-production de son premier album. Avec Marc Pérusse (Luc de LaRochellière) et le label Zéro Musique. Avec toute la latitude et la confiance qu’un artiste peut espérer de son réalisateur. Sortie prévue l’an prochain.

Je n’avais jamais rencontré Coral en personne, et mon premier contact avec elle fut à la fois intimidant et rassurant. Intimidant, parce que les yeux bleus de sa mère sont validés au centuple. Rassurant, parce que Coral est émotive et passionnée, vulnérable et timide. Et sportive en plus: le volley-ball est son autre dada. Calibre national, les compétitions, et tout. Ce n’est pas compliqué, à côté du mot «santé» dans le dictionnaire, on devrait mettre sa photo.

«J’ai toujours aimé la musique folk, et le fait de marier ces influences avec le jazz m’enchante. C’est le pianiste Daniel Thouin (et son trio) qui m’a proposé ça. Et comme j’aime beaucoup Joni Mitchell, on a pensé rendre à notre façon certaines chansons – c’était écrit dans le ciel – des albums Court and Sparks et Blue. Mais aussi une toune très folk de son premier album, I Had a King. C’est vraiment un mélange jazz-folk. J’ai aussi écrit une vingtaine de chansons. C’est ce que j’aime le plus dans la musique: écrire, avec le travail que ça implique. Je peux m’asseoir pendant des heures et répéter au piano. Avant, j’en faisais presque une thérapie, quelque chose de personnel», de raconter Coral.

«J’aime raconter des légendes et les adapter au format chanson. Je parle très peu d’amour. Ça doit être parce que je n’ai jamais été assez frustrés dans une relation pour avoir besoin de l’exprimer! Je ne suis pas très romantique, mais plutôt logique. Mes thèmes de chansons sont sociaux. Ce que je retiens de ma mère, c’est très matriarcal. Nous sommes assez ésotériques.»

«Mon album sera plus folk-pop, mais toujours influencé par le jazz. D’ailleurs, lors de ce concert, j’inclurai quelques chansons de Beck, tirées de Mutations. Lui, les mélodies, il connaît. Aussi, quelques-unes en hommage à Laura Nyro, ma chanteuse préférée, et quelques standards du jazz. Tu sais, je peux scatter aussi…»

Le 20 mars
Au Zest
Voir calendrier Jazz, Blues, etc.

Évidemment Jazz

Pendant dix jours, le jazz reprend ses droits au Zest dans une programmation étoffée et multiforme. Le 18 mars, madame Jeri Brown nous refait le coup de la chanteuse classique mais aventureuse, alternant entre les ballades d’April in Paris et son plus récent disque, Zaius, qu’elle a concocté avec le chanteur Leon Thomas. Le 19, Sylvie Peron donnera un dernier concert avant son départ pour Biloxi, Mississippi, là où elle chantera avec le Cirque du Soleil pendant les deux prochaines années, dans Alegria. Pour ce dernier tour de chant, la gamine du rythme s’est entourée de Charles Papasoff, de son fiancé Stephane Bertolino à l’harmonica et d’une section rythmique à établir. Dorothée Berryman assurera la continuité avec son lot de classiques du jazz. Le 19 mars, à 22 h 30, Suzie Arioli et son swing band, avec la désinvolture la plus complète. Le 20 mars (voir texte ci-contre), Coral Egan et le trio de Daniel Thouin revisitent le folk avec une tendance jazz. Le 21 mars, à 14 h, Streetnix s’adresse aux enfants en désamorçant les standards du jazz. Le 24 mars, Joel Miller donne la réplique à son quartette, tandis que Michel Cusson, le 25, fera de même avec ses impressionnants bardes dans ce qu’il appelle son Projet 3. Le 26, la chanteuse «bien coffrée» Manon Brunet tempérera ses ardeurs et s’attaquera au format duo avec le pianiste Eric Sénécal, tandis que plus tôt dans la soirée, le magnifique Altsys Jazz Orchestra nous démontrera la beauté des arrangements pour grands ensembles. Le samedi 27, c’est Vic Vogel et son sextette. Journée de clôture, le 28, avec une prestation pour enfants. Qui d’autre que James Gelfand, un habitué de la Petite École du Jazz, qui fera tandem avec Sylvain Gagnon sous le thème: Jazz Moi Tout. L’embarras du choix.