avec Jay-Z, DMX, Redman et Method Man
Le 11 mars, au Centre Molson
En entrant au Centre Molson, jeudi dernier, alors que Redman et Method Man s’éclataient sur scène au son de deux D.J., le message était fort et clair: «If you ain’t smokin’, get the !@# out!» Ces deux célébrissimes mauvais garnements semblaient aussi à l’aise sur l’immense scène que dans n’importe quel club et ont même pu se payer un beau fantasme en prime: se balancer suspendus au-dessus de la foule, pour une version planante de How High…
Après quoi DJ Clue, le grand maître des mixtape attaqua ses tables tournantes de façon somme toute assez nonchalante. Aux premiers aboiements de DMX, après une courte présentation du clan Ruff Ryders à moto sur les écrans, l’anticipation était à son comble pour les grands titres de ses deux premiers albums. L’homme, étonnamment à l’aise dans cette enceinte, termina sa prestation avec une prière pour ramener les esprits à l’ordre… Jusqu’à ce qu’un autre bout de film nous amène dans un fourgon de prisonniers d’où Jay-Z s’échappera pour apparaître triomphalement en sortant d’une bouche d’égout sur la scène avec Can I Get a…?. Jay-Z étant connu comme l’un des plus fins paroliers contemporains, on ne s’étonne pas vraiment de ne pas avoir devant nous une bête de scène; la collaboration de son acolyte Memphis Bleek et la connaissance des rimes aidant («Combien d’entre vous ici se sont procuré mon dernier album?» Réponse: TOUS), le party pognera jusqu’à la grande finale, Hard Knock Life, dont la foule scandera en chour l’irrésistible refrain. Les trois étoiles de la soirée: Redman et Meth, DMX et le concepteur visuel de cette tournée qui a vraiment du… chien. (Richard Lafrance)
Smog et Molasses
Le 12 mars, au Jailhouse
Il faudra un jour m’expliquer cette manie qu’ont les habitués du Jailhouse de s’asseoir devant la scène, occupant ainsi deux fois plus de place que s’ils étaient debout. Certes, la musique de Smog, qui s’y produisait vendredi dernier, est plus propice au taillage de veines qu’au brasse-popotin, mais dans une salle comble, on se serre les coudes.
Sur scène, Bill Callahan n’avait que faire des assis ou des debout. Insensible au bruit ambiant, prisonnier d’une veste et d’un jean bleu, tous deux trop courts pour son long corps, il est demeuré quasi immobile derrière son micro, grattant avec force concentration de très rares accords de guitare. Les yeux mi-clos, Callahan, chantre de l’aliénation et de la douleur intime, débitait ses histoires pour lui-même, comme s’il jouait dans une bulle. L’homme ne fait guère d’efforts pour y inviter qui que ce soit, mais ceux qui osent y entrer sont largement récompensés. Entouré pour l’occasion d’un autre guitariste et d’un batteur minimaliste, qui se plaçait parfois derrière un petit clavier, il lui arrivait de glisser parfois vers des moments plus rock (la très velvetienne Cold Blooded Old Times, ou l’excellente Bathysphere), qui ne donnent que plus d’importance à l’essentiel de son répertoire, fait de chansons émaciées et généralement dépourvues de refrain. Callahan nous a prouvé que Smog est l’incarnation parfaite du less is more.
En première partie, les Montréalais de Molasses ont dû composer avec un bruit ambiant considérable et des problèmes de sono qui ont carrément noyé la richesse de leurs compositions country folk. On aurait aimé mieux goûter la présence de la section de cordes, formée de membres de Godspeed You Black Emperor! et des Snitches. Lorsque le piano a élevé la voix, sur un morceau qui évoquait les Tindersticks, on a eu une bonne idée de toute la richesse qu’ils pourraient déployer dans de meilleures circonstances. Un groupe à suivre. (Nicolas Tittley)
La Chanson de la semaine
Mara Tremblay Le Teint de Linda (Audiogram/Sélect)
Faites le test autour de vous: Le Teint de Linda, on aime ou on déteste… Nous, on adore cette façon qu’a Mara Tremblay de sublimer le quotidien déprimant de cette Linda pour en faire une chanson épique à la finale apocalyptique. Pour une deuxième semaine… (Eric Parazelli)