Il peut sembler difficile de croire que l’opéra soit, dans notre société actuelle, synonyme de jeunesse et de simplicité ou qu’il soit autre chose que le plaisir d’une minorité huppée, développeuse de bonbonsª. Depuis quelques années, cependant, de jeunes artistes, passionnés par le genre lyrique, apportent un nouveau souffle en présentant des spectacles plus modestes et plus intimes qui étonnent par leur qualité. C’est le cas de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal qui, en collaboration avec les Jeunesses musicales du Canada, présente depuis 1993 son spectacle dans plusieurs villes du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario.
L’ouvre proposée pour la tournée 1999, qui s’arrêtera à Québec le 7 avril prochain, est L’Elisir d’amore, opéra buffa de Gaetano Donizetti (1797-1848), compositeur italien particulièrement célèbre pour son mélodrame tragique Lucia Di Lammermoor. Présenté pour la première fois le 12 mai 1832 au Teatro della Canobbiana de Milan, L’Elisir d’amore a été l’opéra le plus joué entre 1838 et 1848. Bien qu’essentiellement comique, l’ouvre se distingue de la tradition rossinienne en ce sens qu’elle possède un véritable pathos romantique, visible dans certains arias plus sérieux empreints d’une grande sensibilité, notamment Una furtiva lagrimaª chanté par Nemorino, un des grands succès du ténor Enrico Caruso.
Basé sur un livret de Felice Romani, l’opéra tourne en dérision la célèbre histoire de Tristan et Iseult. Dans le premier acte, le fermier Nemorino est suspendu aux lèvres d’Adina, une riche et pulpeuse propriétaire terrienne qui lit aux paysans l’histoire de Tristan. Cependant, la belle est séduite par le sergent Belcore. Voyant qu’il n’a aucune chance de conquérir Adina, Nemorino se tourne vers les vertus supposément magiques d’un philtre d’amour (qui se révèle être du vin), vendu par un charlatan de passage, le docteur Dulcamara. Son assurance provoquée par le vin n’est pas sans charmer Adina qui, malgré tout, demande Belcore en mariage. Les choses s’arrangeront évidemment dans le deuxième acte où, comme dans tout opéra qui se respecte, le registre aigu du ténor Nemorino gagnera le cour haut placé de la soprano Adina.
Probablement pour des raisons de commodité, l’orchestre sera pour l’occasion remplacé par le pianiste Claude Webster, qui tient le double rôle d’accompagnateur et de présentateur. La mise en scène est assurée par Bernard Uzan, réputé pour son efficacité et son habileté à s’adapter aux salles de concerts toujours différentes. Les personnages d’Adina et de Nemorino sont joués selon les soirs par Stéphanie Brill, Mélanie Esseltine et Marie-Anne Simoneau ainsi que par Marc Hervieux et Éric Laporte. Sergei Stilmachenko entre quant à lui dans la peau du sergent Belcore tandis que Gaëtan Labbé incarne le docteur Dulcamara. Le spectacle, qui a reçu jusqu’ici de nombreux éloges, est donc une occasion de voir sur scène de jeunes interprètes de talent qui n’ont apparemment besoin d’aucun élixir pour charmer leur public.
Le 7 avril
À la salle Dina-Bélanger
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