

Vilain Pingouin : P’tit pain va loin
Il y a maintenant un an que Vilain Pingouin a repris du service. À la veille d’un second concert à Québec en moins d’un mois, RUDY CAYA fait le point.
Il y a une quinzaine de jours, à l’occasion d’une importante manifestation étudiante, les membres de Vilain Pingouin sont montés sur une scène aménagée devant le Parlement. Pas pour livrer un long discours, mais pour y balancer quelques phrases sulfureuses, sur fond de rock’n’roll rugueux. Ils ont attaqué avec Armée du salut: «Aujourd’hui ils ont pris l’éducation / aujourd’hui ils ont pris la santé / et tout ça au nom de leurs compressions /mais c’est moi le con qu’ils ont pressé», a gueulé Rudy Caya, de la voix brusque qu’on lui connaît.
Une semaine après l’événement, Rudy Caya en parle avec un certain amusement. De son point de vue, la manifestation avait quelque chose de paradoxal. «Depuis vingt ans, les jeunes sont généralement pro-péquistes; ça me faisait drôle de les entendre crier après Bouchard après les avoir longtemps entendu crier après Chrétien», explique-t-il. «Mais ça faisait du bien de voir des jeunes se mobiliser», poursuit le rockeur. «Il me semble que ce qu’on apprend de plus important à l’école c’est à se tenir debout, à prendre nos responsabilités et à s’impliquer quand on est concerné. Ça ne veut pas dire qu’il faut éplucher tous les dossiers et connaître à fond tous les problèmes, mais être là, c’est le minimum.» Rudy Caya aurait pu ajouter que, peu importe les obstacles, il ne faut jamais baisser les bras. Cela n’a rien à voir avec l’école, mais c’est la leçon qu’on pourrait tirer des dix ans de carrière de Vilain Pingouin.
Paru en avril dernier, après quatre années de silence, Yé quelle heure? devait marquer le retour de Vilain Pingouin. Douze mois plus tard, le retour a des airs de second début. Vilain Pingouin semble condamné à jouer dans de petites salles et les gros succès radio se font rares. L’époque où le groupe amassait félix et disques d’or paraît bien loin.
Au moment de faire le bilan, Rudy Caya demeure prudent. Les derniers mois furent plus essoufflants que prévu, concède-t-il, mais le groupe sent vraiment qu’il progresse. Le chanteur affirme même que, lors d’un récent concert à Sherbrooke, son groupe a dû offrir pas moins de quatre rappels pour contenter ses fans. «C’est sûr que cela va mieux quand les concerts roulent et que tu n’es pas obligé d’avoir une autre job, mais ce n’est plus notre priorité. […] On ne veut plus nécessairement jouer au Forum en culottes de spandex», ironise-t-il.
Qu’est-ce qui branche Rudy et ses pingouins? Échanger et collaborer avec d’autres musiciens. Depuis quelques mois, le chanteur consacre d’ailleurs une grande partie de ses énergies à la mise sur pied d’une sorte de coopérative musicale virtuelle. Il s’agit en fait d’une page Web où des guitaristes chevronnés offriront des cours et divers conseils en ce qui a trait à l’équipement. Le site se veut également une sorte de carrefour qui facilitera les contacts entre jeunes musiciens. Au départ, cette fameuse page Web (www.audiogram.com/vilainpingouin/index2.html) sera liée à celle de Vilain Pingouin, mais Rudy Caya espère que, très vite, la majorité des échanges qu’elle suscitera n’aura rien à voir avec son groupe.
Le 16 avril
Au Kashmir
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