Musique

La Chicane : Le sacre du printemps

La popularité a ses raisons que la raison ne connaît pas. Prenez l’exemple de La Chicane, groupe rock originaire de Val-d’Or, qui n’aura mis qu’un petit mois à se hisser au sommet des palmarès québécois.

Tout ça grâce au succès du titre Calvaire (extrait de leur album En catimini), une bombe qui a explosé sans crier gare et a propulsé nos amis sur un terrain surpeuplé, mais jouissant d’une inébranlable popularité: le rock québécois tel qu’il se pratique depuis les années 70, depuis Offenbach, Garoloup, Octobre et compagnie. Depuis le début des années 90, les artistes et les groupes néo-queb se sont succédé avec plus ou moins de succès. Avant d’arriver à Noir Silence, on a dû se taper S.O.S. Cargo, Rioppel, Brasse-Camarade et R.P.M. Avant d’arriver à Lapointe, tous les Matt Laurent de la province.

Qu’est-ce qui distingue La Chicane des groupes précités? Le quintette partage avec Noir Silence et Okoumé une certaine naïveté doublée de cette foi qui déplace les montagnes et le jeune public. C’est d’ailleurs lui qui se reconnaît dans les textes et qui finit par les sacrer porte-parole de ses petites et grandes misères. Ajoutons que, comme leurs confrères, les membres de La Chicane ne sont pas prétentieux pour deux sous, ce qui provoque l’indulgence des critiques.

À la veille de leur premier concert à Québec depuis la parution du disque _ ils se souviennent d’un concert qu’ils avaient donné au Café des Fourberies _, les gars se disent enchantés par la tournure des événements. D’entrée de jeu, le guitariste Alain Villeneuve résume la pensée de ses compagnons pour régler la question des comparaisons. «On a déjà dit que ça ressemblait à ceci ou à cela, mais le rock ne s’est jamais démodé. Il y a une clique qui n’écoute que de la musique urbaine, mais il reste beaucoup de monde qui tripe sur le rock, c’est une musique universelle. Le débat ne nous touche pas vraiment parce qu’on fait la musique que l’on aime.»

Pour La Chicane, l’innovation passe par l’authenticité. «Quand tu pars un groupe, poursuit le claviériste Éric Lemieux, ça te prend généralement cinq ans avant d’arriver ou non à quelque chose. Alors si tu travailles en prévision de ce que va être la mode dans l’avenir, tu passeras toujours à côté. Si on avait décidé d’être grunge il y a cinq ans, on serait dans le champ aujourd’hui.»

Pour ce qui est de la sono, qui renvoie également aux seventies, les gars estiment qu’il ne pouvait en être autrement, vue la nature directe de leur musique. «On voulait que ça sonne le plus live possible, lance Villeneuve. Il y en a qui disent que ça sonne 70, mais c’est le lot du rock québécois. Nous autres, on aime ça quand ça brasse. Au fond, quand tu fais un disque, c’est un peu, beaucoup, pour pouvoir faire des shows ensuite.»

«On est des têtes de cochons», dira Boom Desjardins, chanteur du groupe dont la voix évoque un croisement entre Breen Lebouf et Pierre Harel. C’est ainsi qu’il rappellera les premiers pas de la formation. «On a toujours fait de la musique un peu pour nous autres. Quand on a décidé de faire un démo et de l’envoyer aux compagnies de disques, on s’est dit que s’il était refusé, on le sortirait sur notre propre étiquette… Tu fais des tounes et il y a des gens qui vont les aimer. Tranquillement, leur nombre augmente sans que tu ressentes le besoin de changer des affaires. On ne fait pas ça pour le monde qui ne nous aime pas. Il n’y a pas de recette miracle, c’est le public qui choisit.»

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