Too Many Cooks : Le début de la faim
Musique

Too Many Cooks : Le début de la faim

La carrière de Too Many Cooks ressemble à un perpétuel recommencement. Dix années ont passé depuis les succès Rita et Believe Me Sister. Dix années pendant lesquelles on a cru, à chaque nouvel album, que le groupe originaire de Sherbrooke allait décoller et enfin connaître le succès qu’il mérite. Chaque fois, les espoirs de Dan Georgesco et Richard D’Anjou _ et les nôtres_ furent déçus, le plus souvent à cause de malheureux problèmes d’ordre administratif avec leurs différentes étiquettes de disques. Le duo a bien récolté quelques hits radio, dont Refuse to Die et Let’s Stick Together, mais ses réussites commerciales n’ont jamais été à la hauteur de son talent.

Malgré les obstacles, Dan Georgesco et Richard D’Anjou persistent. Hungry?, leur sixième disque, est paru en octobre dernier sur Donald D Music, un nouveau label montréalais. Vous avez bien lu: il s’agit bien de leur «sixième disque». N’oublions pas qu’en 1996, les deux musiciens ont fait paraître un album en français sous le nom Garage. La précision a son importance puisque Hungry? poursuit justement l’expérimentation sonore amorcée sur ce disque difficile à trouver de nos jours.

Too Many Cooks est toujours aussi affamé de rock: Hungry? est plein de riffs ciselés et de solos achevés. Mais après avoir longtemps dénigré la musique électronique, Dan Georgesco et Richard D’Anjou s’autorisent enfin à lui emprunter quelques éléments esthétiques. Les ballades `Til I Die, All I Want et la très belle Raise Your Glass sont assises sur des boucles rythmiques. Dans le refrain de Going Down to N.Y.C., la voix de D’Anjou est passée à travers quelques filtres déformants. Follow Me (to the Other Side) témoigne également d’une ouverture aux tendance actuelles, puisque le chanteur y calque le phrasé hip-hop avec une authenticité et une intensité étonnantes. En somme, Hungry? est une habile transposition de l’esprit du rock sixties/seventies, auquel les Cooks sont très attachés, dans l’univers sonore des années 90. Et sans aucune influence du grunge, s’il-vous-plaît.

Too Many Cooks frappera-t-il à la porte du succès? Compte tenu du parcours chaotique du groupe, mieux vaut ne pas s’avancer sur ce terrain glissant. Une certitude demeure, cependant: lorsqu’ils monteront sur scène, Dan Georgesco et Richard D’Anjou nous en mettront plein les oreilles. Depuis dix ans, ils jouent toujours comme si la fin du monde était imminente.

Le 27 avril
Au Liquor Store
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