Nelson Minville : La tête de l’emploi
Musique

Nelson Minville : La tête de l’emploi

Lorsque Nelson Minville est venu présenter son troisième album, au printemps dernier, il affichait la mine réjouie du type qui a réussi un bon coup. Il avait raison; Centre-Ville, titre de l’album dont il présentera l’essentiel dans sa série de concerts prochains, est une ouvre solide et émouvante.

L’auteur-compositeur-interprète de Grande-Vallée nous avait déjà prouvé avec ses deux albums précédents qu’il savait ficeler de bonnes chansons, mais jamais il n’avait fait montre d’une telle cohésion. La plume est agile certes, mais on sent bien que l’inspiration a été renouvelée. Il faut rappeler que Nelson s’est fait discret et que Centre-Ville est venu rompre un silence discographique de six ans.

Mal à l’aise avec l’image du ténébreux chanteur de charme qu’une partie de l’industrie s’acharnait à lui accoler et secoué par l’échec de Pour la suite des choses, l’homme a décidé de prendre un sérieux recul. «On ne savait si j’étais un nouveau Séguin ou un nouveau Mario Pelchat, lance-t-il en rigolant. La perception était erronée, je sentais que le regard que les gens de l’industrie portaient sur moi n’était pas en accord avec celui que je portais sur moi-même. C’est un problème…» Minville tente alors de réajuster le tir avec Pour la suite des choses. «Mon deuxième album était une réaction contre l’image du chanteur de charme, un refus, mais comme il est passé dans le beurre… Alors je suis sorti de l’autoroute principale. J’ai pris une voie secondaire en regardant de temps en temps ce qui se passait de l’autre côté jusqu’à ce que je me remette à écrire et que je me décide à reprendre le trafic à mes conditions.»

Pendant cette période, Minville a étudié en journalisme, écrit quelques dramatiques pour la radio et est resté en contact avec la chanson. «Vu de l’extérieur, ça fait un creux, mais pour moi, ce n’en était pas un. Je n’ai jamais travaillé autant que durant ces années-là. Je travaille pour le Festival de Granby, je suis impliqué dans Cégep en spectacle…» Courte pause, le chanteur change de ton, pour celui de la confidence. «Il y a plusieurs façons de laisser sa marque. Tu peux ouvrir des portes en ayant beaucoup de succès comme Kevin Parent ou tu peux faire un véritable travail de terrain avec la relève. Cette deuxième option est celle qui ne paraît pas, mais qui touche directement les gens que l’on côtoie. C’est un contact personnel, c’est une façon de faire partager sa vision des choses en dehors de la représentation, c’est une sorte de mission. J’ai la chance de pouvoir m’exprimer de temps à autre, je ne vais pas gaspiller ce temps-là à faire des choses futiles. Pour moi, communiquer, ce n’est pas balancer une note haute, c’est dire trois ou quatre mots qui créent une image ou une émotion.»

Avec la minutie d’un horloger suisse, Minville a passé une partie de l’année à monter son nouveau spectacle. «J’ai pris le temps de monter un show qui me ressemblait. Je raconte ma vie en vingt chansons, incluant celles qui ont le plus marqué le public comme Le Fleuve, Le Bras de Satan et Il n’y aura que toi. Ces dernières ont toutefois été réarrangées pour mieux se fondre avec la facture des pièces de Centre-Ville.» Quelques inédites et une petite nouvelle seront aussi du voyage.

Les 6 et 7 mai
Au Lion d’Or
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