Scène locale : Retour sur Sans Pression
Pour leur sortie du souterrain, le duo rap Sans Pression a rempli le Cabaret, le 18 mai dernier. Et avec une commandite de rhum haïtien, l’ambiance était chaude… Les deux rappeurs, SP et Ti-Kid, étaient là pour présenter fièrement le contenu de leur premier album 514-50 Dans mon réseau, un disque de rap cru, multilingue (joual, slang, créole) et militant. Il ne fallait donc pas s’attendre à du sucré, mais plutôt à quelque chose d’amer, pesant et décapant. Et si le frêle et désinvolte Ti-Kid et le massif et concentré SP ne laissaient pas trop paraître la pression et l’énervement de la première, c’est plutôt un sentiment d’urgence qui semblait les animer. Ils ont mordu dans chacune de leurs pièces avec une assurance que seul un fort vécu dans l’underground peut apporter. Aidés des quelques featurings exclusivement montréalais que l’on retrouve sur l’album (Yvon Crevé – prochain à enregistrer sur l’étiquette Mont Real -, Mizery, Sampaloo, L’Xtrémist, Comatose, Gardy Martin…), Sans Pression était là pour imposer son style sans concession, et sa vision tranchante des rues de Montréal. Mission accomplie! Par contre, deux petites choses: je veux bien croire qu’il s’agissait d’un lancement et qu’il y avait des invités des médias, mais l’ambiance aurait pu être moins officielle, plus décontractée; et pourquoi aucun D.J. ne s’occupait des platines plutôt que de laisser le magnéto jouer les trames musicales? Un concert de rap sans D.J., pour moi, c’est comme un coke sans rhum… Enfin, vous voyez c’que je veux dire…
Line Three
À l’époque où les lignes de métro portaient des numéros, aviez-vous déjà remarqué que la ligne trois n’avait jamais existé? Alors que le batteur Spencer Warren débarquait de Vancouver, ce petit détail mystérieux l’a intrigué au point qu’il a proposé à Chris Weiler (guitare et voix) et Alex Seliger (basse et voix) d’appeler leur formation Line Three. «En plus, ça correspondait à notre volonté musicale d’emprunter des chemins différents, de sortir des sentiers battus», m’expliquait Spencer à l’autre bout du fil. Et je dois lui donner raison: leur premier album complet, intitulé #4 in Portugal, même s’il est d’allégeance punk-hardcore, et malgré l’aspect brut et in your face de leur musique, ne rejette pas la complexité et la variété. Et même s’ils intègrent des influences métal, techno et jazz, on n’a jamais l’impression qu’ils se perdent en chemin. «On a vraiment pensé les chansons en fonction d’un album complet qu’on aurait envie d’écouter du début à la fin. C’était important qu’il y ait une certaine cohérence dans l’ordre et la variété des pièces. Et musicalement, une chose est primordiale à nos yeux: on essaie toujours d’amener notre musique plus loin pour que ça reste intéressant à jouer. Mais pas trop complexe non plus, car le groove ne doit jamais être sacrifié.» Ces finalistes de l’édition 1997 du Polliwog donneront un concert gratuit le 28 mai, au Jailhouse, pour souligner le lancement de #4 in Portugal. Comme ça, il vous restera certainement quelques dollars pour vous le procurer. Avec Legumo en première partie.
The Vendettas
Ce groupe originaire du West Island est peut-être le secret le mieux gardé de la scène rock anglophone, si l’on en croit les réactions enthousiastes que provoquent leurs spectacles, et le résultat que l’on peut entendre sur leurs disques (un mini-album éponyme peru en 97 et le CD single Skeleton Day sorti l’an dernier). Ils faisaient d’ailleurs partie des finalistes de l’édition 97 du concours CHOM L’Esprit. Ils appellent leur musique rock reggae revolution, et la tête pensante de la formation, le chanteur-guitariste-auteur-compositeur-réalisateur Paul Cargnello, a la réputation d’être un incroyable performer une fois les pieds sur les planches. Faudra aller constater la chose le 3 juin, au Swimming.
Portraits de scène
Chaque semaine, mon collègue Stéfane Côté, photographe attitré aux rubriques Scène Locale et Live à Montréal, tire le portrait d’un groupe en action pour que vous puissiez vous faire une meilleure idée de l’énergie qui se dégage des concerts dont on vous parle. Depuis 1996, il a amassé une somme considérable de photos qui lui permettront, à partir du 30 mai, à la galerie des Foufs, de présenter une exposition intitulée Portraits de scène, regroupant une quarantaine de photos grand format, qui donneront certainement une bonne vue d’ensemble de l’activité musicale alternative des trois dernières années. L’expo se poursuivra jusqu’au 2 juillet, et un 5 à 7 réunissant les «modèles» aura lieu le 30 mai.
à souligner
– Grosse soirée ska, le 28 mai, au Rainbow (5345, boulevard De Maisonneuve Ouest) avec les formations The Undercovers et Gangster Politics de Montréal, ainsi que Flashlight de Toronto.
– Les formations rock’n’roll garage Les Raggers et Les Enfants d’chienne seront au Café Chaos, le 29 mai.
– Le groupe de jazz contemporain [iks] souligne par trois concerts (les 27, 28 et 29 mai, à L’Air du temps), le lancement de son deuxième album intitulé Une heure volée au temps.
– Du folklore québécois aux accents des vieux pays avec la formation Laridé (qui présente un premier CD éponyme), le 29 mai, au Vert Bouteille (2112, avenue du Mont-Royal Est).
– Pour les fans de skate et de ska-punk, l’événement Sk8fest 1999 réunira les meilleurs skaters du Québec ainsi que quatre formations (My Big Wheel, Reset, Subb et Curse 47), le 29 mai, à l’aréna de Blainville. Billets en vente au Underworld (10738, rue Millen).