André Duchesne : Free sbire
Musique

André Duchesne : Free sbire

En voyant le nom du nouveau groupe d’André Duchesne dans la programmation du FIJM, on a eu un petit doute. Avec un titre comme No Band’s Land – Le Band de la dernière chance, on s’est demandé si le guitariste n’allait pas ranger définitivement sa six cordes. Architecte de Conventum, Diesel, L’ ou ‘L et Locomotive, ce membre fondateur du collectif Ambiances Magnétiques et pilier de la scène actuelle allait-il effectuer son dernier tour de piste?

Pas du tout. Duchesne continue son petit bonhomme de chemin, toujours aussi indépendant qu’à ses débuts, peu importe le prix. «Dès mes débuts, avec Conventum, j’ai fait peur aux producteurs. Je me suis vite rendu compte qu’il fallait que je m’occupe de mes affaires moi-même. Le problème, c’est que lorsque tu produis toi-même tes disques, il faut que tu t’attendes à les payer longtemps; mais je n’ai jamais regretté d’avoir fait Le Temps des Bombes ou Locomotive, même si ça m’a vidé les poches.»

Toujours à contre-courant, cet autodidacte s’est imposé comme un chercheur sonore qui n’a que faire des conventions de la musique populaire. «Je me suis inventé un métier à moi, celui d’être André Duchesne», lance-t-il. Il se console en se disant que l’esprit révolutionnaire des années 70 est toujours vivant. «Il y a des petits Conventum qui poussent ici et là; il y a encore des jeunes musiciens dissidents qui veulent travailler en marge.»

À ce chapitre, Duchesne prêche par l’exemple: si la plupart des musiciens qui l’accompagneront dans ce No Band’s Land sont ses contemporains (Francis Grandmont à la basse et Pierre Tanguay à la batterie), le trompettiste Nemo, qui n’est âgé que de dix-huit ans, n’était même pas né lorsqu’André jetait les bases du rock d’avant-garde québécois avec Conventum. «Les idées qu’on défendait à l’époque sont toujours valables aujourd’hui, affirme Duchesne. Comme on osait faire de la musique intelligente, on nous traitait d’intellectuels, alors qu’on était des fils d’ouvriers. On a toujours pensé qu’on avait le droit de triper sur King Crimson et Béla Bartók en même temps, il n’y a pas de mal à ça!»

Que doit-on attendre de ce No Band’s Land? En tout cas, rien qui ressemblerait à cet album solo de guitare classique improvisée que Duchesne vient de lancer sur Ambiances Magnétiques. «En ce moment, je suis dans une période très libre, très free», explique le guitariste. Free, comme dans free-jazz? «Comme je ne suis pas un gars de jazz, je dirais plutôt comme dans Absolutely Free de Zappa. Lorsqu’on s’est réunis, les musiciens et moi, on n’avait pas de plan précis; ils m’ont demandé si j’avais des partitions et j’ai répondu: "Sans commentaires."»

Le 9 juillet à 21 h
À la salle Bervely Webster Rolph
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