Musique

Archie Shepp : Vieux couple

L’idée de réunir à nouveau le saxophoniste Archie Shepp et son vieux complice, le pianiste Horace Parlan est une initiative de Johanne Bougie, l’assistante du directeur artistique, André Ménard. Ménard déclarait aux médias, lors du dévoilement de la programmation: «Elle a appellé chacun d’eux à son domicile en Europe, et ils ont tout de suite accepté. Formidable!»

Et que nous réservent-ils, ces deux sexagénaires de l’improvisation qui se connaissent depuis trente ans? Sûrement pas mal de blues, si l’on se fie aux albums qu’ils ont faits ensemble sur le label européen Steeplechase. Deux de ces albums, Going Home et Trouble In Mind, sont, selon Johanne: «Le genre qui s’écoute avec son chum un dimanche de pluie.»

En joignant Shepp à son appartement de Paris, lui qui habite le Massachusetts où il enseigne, il fait le point sur la perception du jazz en Europe: «Premièrement, je n’utilise pas le terme jazz, et je ne suis pas certain qu’ils (les Européens) le comprennent vraiment. L’autre jour, je donnais un concert assez spécial, une combinaison de jazz avec un ensemble gospel, et les gens l’ont plutôt mal per[u. Ils savaient qu’ils allaient entendre du gospel, mais leur interprétation du gospel est une forme de jazz, mais en plus sérieux. Pourtant, le gospel est une musique spirituelle et religieuse. Finalement, les gens se sont mis à danser sur une chanson de Mahalia Jackson. Je n’en revenais pas. Ils l’auraient probablement fait aussi sur Ave Maria, s’il y avait eu un beat.»

«Le jazz est une réflexion du moment, c’est quelque chose qui évolue. C’est comme une corrida, où l’on réagit à chaque mouvement du taureau. En fait, tous les éléments spirituels et chimiques qui se rajoutent font du jazz une musique non programmée, pas comme celle de Tchaïkovski ou de Chopin. Donc, pour qu’il y ait un quelconque mystère, j’essaie d’en dévoiler le moins possible sur la musique. J’ai besoin d’incertitude moi aussi.»

«J’ai toujours été un joueur de saxophone ténor, et, lorsque j’ai débuté, on me qualifiait de free jazz player, un autre terme qui ne veut rien dire, simplement parce que j’étais associé au mouvement de l’avant-garde. Aujourd’hui, on me catégorise comme un vétéran de l’avant-garde. Dans toute la musique que j’ai composée dans ma vie, je me suis toujours fait un devoir d’incorporer deux choses: le swing et le blues.»

Le 3 juillet à 18 h
Au Spectrum
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