Musique

Beethoven à Orford : Nouvelle portée

Le destin frappe-t-il toujours à vos portes? est un spectacle multidisciplinaire portant sur le grand Beethoven, et organisé par NORMAND ACHIM. Présenté au Festival Orford, cet événement risque de faire connaître d’autres visages du compositeur allemand.

C’est à l’âge de onze ans que Normand Achim découvre Beethoven. À cinquante, ce photographe québécois considère le grand compositeur allemand comme une figure imposante de sa vie, une sorte de guide. «C’est l’image, pour moi, d’un humanisme universel», résume-t-il. Lancé dans l’écriture, le photographe consacre à Beethoven son premier texte théâtral, amorcé il y a plusieurs années. Le destin frappe-t-il toujours à vos portes?, de Normand Achim, se situe d’ailleurs entre le théâtre et la performance, dans un cadre multidisciplinaire qui doit autant à l’écriture qu’à la musique. Qui plus est, le décor de la pièce est étayé par des projections de photographies de l’auteur.

La genèse du «Destin», si elle remonte au passé de Normand Achim, commence vraiment à la lecture d’un petit ouvrage sur Beethoven. «Une plaquette dont la lecture m’a ébranlé pendant une semaine…» C’est à ce moment-là qu’il se décide à écrire sur le musicien. Il en ressort un premier texte sans éléments dramatiques, dont le comédien Patrick Quintal fera la lecture publique en 1995, à Sherbrooke. Depuis, Achim n’a cessé de travailler sur la vie du créateur. «J’ai développé tout ça et je suis arrivé à un texte à deux personnages, qui évoque la rencontre de Beethoven et de Bettina Brentano, femme de lettres de l’époque. C’est un moment déterminant dans la vie du compositeur. Mais, même si c’est le noud de l’histoire, ce n’est pas ça que je raconte. Ça va beaucoup plus loin.»

Second regard
S’il utilise cette rencontre comme prétexte à son travail d’écriture sur Beethoven, Achim se défend bien de vouloir nous livrer un pan de la biographie du grand musicien. Au contraire, le regard de l’auteur se veut à la fois plus profond et plus flou. «C’est un regard carrément impressionniste que je pose sur Beethoven et Brentano. Je ne cherche pas à cerner les choses de façon claire et précise, mais plutôt à laisser les gens flotter là-dedans. Ma relation avec Beethoven n’est pas anecdotique. J’ai essayé de sonder sa pensée, sa morale, son sens esthétique. Je voulais dépasser cette image du grognon sourd qu’on colporte à qui mieux mieux.» La relation d’Achim avec Beethoven est si intime, qu’il a surnommé le compositeur son Schtroumpf grognon, un sobriquet affectueux qui en dit long sur cette fréquentation.

Pour parvenir à ses fins, l’auteur a fait se rencontrer passé, présent et futur. Quelques éléments autobiographiques se sont également intégrés au texte dans lequel prose et poésie se côtoient. La structure du spectacle multidisciplinaire reste simple: «On aura quelques minutes de théâtre, suivies d’un mini-concert de quatre ou cinq minutes, et ainsi de suite. Les projections de photos dans les décors viennent étayer certains passages musicaux et théâtraux», précise le concepteur. Les choix musicaux de Normand Achim se veulent originaux, loin des hits trop souvent galvaudés par le commerce du divertissement. Des pièces pour piano – rondos, bagatelles ou fantaisies -, quelques extraits de sonates; bref, des pièces pour petits effectifs qui donnent de la légèreté au spectacle. Côté visuel, Achim ramène de ses voyages photographiques en Europe de nombreuses représentations de la ville de Vienne, entre autres, où a vécu le compositeur. «Je me suis promené à Vienne en me demandant quel aurait pu être le regard de Beethoven.»

La mise en scène du spectacle a été confiée à François Bienvenue; les interprétations musicales, à des stagiaires d’Orford. Les comédiens sont Patrick Quintal dans le rôle de Beethoven et Marina Orsini dans celui de Bettina Brentano. La première du spectacle aura lieu le vendredi 2 juillet à 20 h à la salle Gilles-Lefebvre du Centre d’arts, avec reprise le dimanche 4 à 16 h. Il s’agit du premier événement de la saison 1999 du Festival Orford, qui se poursuivra jusqu’au 14 août. On remarque que cet événement multidisciplinaire s’intègre admirablement à la vocation du Centre d’arts, voué également aux arts visuels, par le biais de plusieurs expositions.

Festival international de Lanaudière
Il est heureux que, comme lors de sa précédente édition, le Festival international de Lanaudière consacre une de ses soirées à la musique d’aujourd’hui, grâce au Nouvel Ensemble Moderne. Le Voyage d’hiver de Schubert / Zender, présenté l’an dernier par le NEM à l’ouverture du Festival, a d’ailleurs été l’un des événements mémorables de la saison. Cette fois-ci, l’ensemble de chambre dirigé par Lorraine Vaillancourt interprétera des ouvres de Gubaidulina, Schnittke, Gougeon et Vivier. Église Saint-Jacques, lundi 5 juillet, 20 h.

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