Kyle Eastwood : Tel père, tel fils
Musique

Kyle Eastwood : Tel père, tel fils

Impossible de dissocier le paternel du fils lorsque l’on se nomme Eastwood, et surtout lorsque l’on adopte une même passion, celle du jazz. Le contrebassiste Kyle Eastwood a baigné dans l’environnement d’Hollywood et du jazz grâce à l’acteur et réalisateur Clint Eastwood. Originaire de la Côte-Ouest américaine, il a assisté régulièrement au Monterey Jazz Festival en Californie, et a côtoyé dès son jeune âge des pointures telles que Miles Davis, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald et Dizzy Gillespie.

L’omniprésence du jazz dans la maison a toujours été une réalité, la décision d’en faire une carrière est cependant arrivée sur le tard. Après avoir tâté le terrain de la réalisation cinématographique, son désir de faire vibrer les cordes de son gros violon s’est cristallisé. C’est maintenant à l’âge de trente ans qu’il nous offre un premier enregistrement, From There to Here, paru l’automne dernier.

Le contrebassiste apprécie le jeu de Paul Chambers et de Ron Carter, de même que celui de Scott Lafaro, plus libre et improvisateur. Il désigne Bunny Brunel, contrebassiste français qui ayant entre autres avec le pianiste Chick Corea, comme son professeur le plus influent. «Il m’a initié à la lecture en travaillant des études de Bach, ainsi qu’aux approches rythmiques et sonores de mon instrument, relate-t-il. De plus, mon observation auprès de Ray Brown sur le plateau de tournage du film Bird, réalisé par mon père, a été très instructive.»

La première performance de Kyle Eastwood au FIJM, le 7 juillet, à la salle du Gesù, lui permettra de présenter le quintette qu’il a récemment formé à New York. Cette formule est l’une des facettes que nous propose From There to Here, passant d’un orchestre à vents (dans le style de l’arrangeur canadien Gil Evans) à celui de solistes, tels que trompettiste, saxophoniste et chanteuse. Le fil conducteur? L’évocation, l’ambiance et les couleurs transmises par une sonorité orchestrale, souvent présente à l’avant ou en arrière-plan, et qui contribue à l’homogénéité du tout. Ayant recours aà des valeurs sûres telles que l’arrangeur Vince Mendoza, le trompettiste Mark Isham, le saxophoniste David Sanchez, le batteur Peter Erskine et la chanteuse Joni Mitchell, Eastwood s’offre un bon tremplin… il ne lui reste qu’à sauter. Kyle s’expose dans quelques solos bien maîtrisés et nous livre une composition de son cru, Da Da Ba Ba Nu Nu, dédiée à sa fille qui s’exprime avec les mêmes onomatopées que ces chers boppers. En tant que contrebassiste et faisant partie intégrante de la section rythmique, moteur de la formation, il me semble y trouver un réel plaisir à s’exprimer tout autant dans les grooves funk que dans les swings. Lui mentionnant qu’une collaboration avec Peter Erskine doit engendrer une complicité rythmique, il me répond qu’Erskine se démarque également de par son habileté à osciller d’un style à l’autre avec une grande aisance.

Kyle Eastwood se définit avant tout comme un musicien de jazz, mais laisse
une place aux influences pop, funk et R&B, utilisant ces courants dans un contexte de quartette jazz classique. Le jeune musicien joue-t-il plusieurs cartes ou nous offre-t-il tout simplement plusieurs fenêtres sur ses penchants musicaux? Seul le temps nous apprendra, de par sa direction et sa maturité, ce que l’artiste a réellement à nous livrer.

Pour le moment, il en est à un début fort prometteur et la découverte est heureuse.
Si Eastwood, il y a deux ans, a quitté la côte californienne pour New York, c’est pour
profiter d’un milieu musical actif: «New York m’offre plus d’occasions, et la seule façon de se développer, c’est de jouer. Je voulais également être avec d’autres jeunes musiciens», affirme-t-il, enchanté de sa nouvelle demeure. Le quintette new-yorkais (Danny McCaslin au sax ténor, Jim Rotondi à la trompette, Jim Regen au piano, Yoron Israel à la batterie, en plus d’Eastwood à la contrebasse) visitera d’abord Montréal, puis poursuivra son chemin sur le territoire européen. Profitons donc de cette première rencontre avec Kyle Eastwood…

Le 7 juillet à 23 h
Au Gesù
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