Musique

Luke Vibert : Joyeux bordel

Luke Vibert est un homme libre. Qu’il s’amuse avec les breakbeats funky et joyeusement expérimentaux de son projet principal, Wagon Christ (dont le dernier album s’intitule Tally Ho!); qu’il chill en enregistrant sous son propre nom un album downtempo (Big Soup, sorti en 97) pour l’étiquette Mo’ Wax; ou qu’il «se prenne la tête» à assembler des mélodies légères qui émergent de spectres sonores sombres pour son projet drum’n’bass sous le nom de Plug (Drum’n’bass for Papa, qu’il a enregistré en 96, mais qui n’est sorti ici qu’en 97, grâce à l’appui de Nothing, l’étiquette de Trent Reznor), Vibert n’a qu’un seul souci: celui de se faire plaisir: «Je n’analyse pas vraiment ma musique, explique l’Anglais au bout du fil, car pour moi, c’est surtout une question de plaisir. Par contre, j’aime bien quand des gens voient dans ma musique des choses auxquelles je n’avais même pas pensé. Ça me surprend toujours d’entendre certains commentaires. Mais il ne faut pas prendre cette musique trop au sérieux. C’est moins pire maintenant, mais il y a quelques années, tout était si sérieux dans l’électronique. Ça fait du bien de voir qu’il y a de plus en plus d’artistes, comme Mr. Scruff, par exemple, qui font de la musique par pur plaisir. Tu sais, on peut sourire en écoutant de la musique, sans se sentir coupable…»

Peu importent les pseudonymes ou les styles musicaux exploités, vous pouvez compter sur Luke Vibert pour concocter des morceaux qui évoluent constamment, qui sont divertissants, mais dans le sens «captivant» du terme. «Le drum’n’bass me demande plus de discipline et de concentration. Ce n’est pas aussi agréable à faire que lorsque je m’installe avec un joint pour faire des trucs plus downtempo, plus légers; mais j’adore le sentiment de satisfaction que me procure le produit fini lorsque je me suis pris la tête pendant des heures pour y arriver. Et, pour se prendre la tête, le drum’n’bass, c’est parfait! L’idée, c’est de souffrir pour que l’auditeur n’ait pas à le faire.»

Oui, l’homme est surpris d’avoir été invité à un festival de jazz, mais, en même temps, il avoue se sentir tout à fait à l’aise avec la situation: «À la fin des années quatre-vingt, le jazz a été la première musique qui ait provoqué en moi une réflexion globale sur la musique en général. Bien sûr, la musique que je fais n’est pas jazz, mais elle a été résolument influencée par son esprit, et surtout par quelqu’un comme Herbie Hancock, qui a su si bien intégrer le funk et l’électro. C’est ma plus grande influence.»

Le 10 juillet
Au Savoy du Métropolis
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