Regina Carter : Violon dingue
Musique

Regina Carter : Violon dingue

«Lorsque la compagnie de disques Verve m’a demandé quel genre d’album je voulais faire, je n’en avais aucune idée. Finalement, j’ai choisi d’incorporer la plupart des musiques avec lesquelles j’ai grandi.» Sage décision, de la part de la violoniste de Detroit, Regina Carter, cousine du saxophoniste fou James Carter, laquelle, à trente-trois ans, lançait récemment Rhythms of the Heart. Un album qui s’en va dans toutes les directions et qui, visiblement, présente une ouverture saine et éclairée sur l’utilisation du violon jazz. Si l’on ne se fiait qu’à la pièce d’entrée, Oh, Lady Be Good (Gershwin), on croirait qu’elle n’en a que pour feu Stéphane Grappelli, l’un des grands interprètes du fameux compositeur.

Mais, plus les chansons se succèdent, plus les frontières tombent: une version reggae de Papa Was a Rolling Stone, avec la complicité vocale de Cassandra Wilson. Une version de la latine Mojito, du tromboniste Steve Turre, avec qui elle joua régulièrement au Sweet Basil, en 1996. Une expérience concluante qui suscita la curiosité de Carter, au point de prolonger l’aventure jusqu’au Brésil, en invitant le guitariste Romero Lubambo à jouer sur sa propre chanson, By the Brook. Plus loin, afin de créer un lien solide, la jeune dame s’en remet au jazz plus conventionnel, avec New York Attitude du pianiste Kenny Barron, et clôt ce kaléidoscope de genres avec Skeeter Blues de Lewis Nash. «Puisque je n’ai écrit aucune pièce de cet album, je préférais exploiter la palette de mes influences.

Mais je ne pourrais agir de la même façon pour le prochain, parce que je confondrais les gens, d’avouer la violoniste. Et puis, toutes ces musiques donnent une place au violon de toute façon; ce qu’il m’a fallu faire, c’est de m’adapter aux différents phrasés, donc, m’ajuster.»

Regina Carter est dorénavant capitaine de son propre navire, elle qui a jadis laissé glisser son archet sur les musiques hip-hop de Lauryn Hill, de Wynton Marsalis (sur Blood on the Fields), de Madeleine Peyroux, d’Oliver Lake (World Saxophone Quartet), des soul sisters Aretha Franklin et Mary J. Blige, de Billy Joel, etc. «Tous ces gens sont des musiciens que j’admire, et je sais qu’en les côtoyant, je vais apprendre quelque chose, parce qu’au fond, je suis encore très jeune dans l’univers du jazz», précise-t-elle. Regina Carter, qui sera l’une des invités au concert de Cassandra Wilson, le 1er juillet, patientera jusqu’au 8 avant son propre spectacle en quintette. Les spéculations vont bon train…

Le 8 juillet à 23 h
Au Gesù
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