Moist : Groupe de travail
Musique

Moist : Groupe de travail

Voilà maintenant plus de cinq ans que les poumons du rock canadien se sont remis en fonction. Dans la foulée du grunge, The Tea Party, I Mother Earth et autres Our Lady Peace se sont succédé au sommet des palmarès, reléguant pour de bon dans l’oubli l’ancien puissant courant des années quatre-vingt, Platinum Blonde et Glass Tiger en tête. De tous ces véhicules, c’est certainement Moist qui crée le plus grand engouement dans notre distincte société. Après l’échec annoncé du Edgefest chez nous, la bande de David Usher remet ça avec un show gratuit, en compagnie de quelques collègues, dont Live.

Ce sera donc la première fois que nous aurons l’occasion de tâter le pouls des chansons de Mercedes Five and Dime, le dernier disque de Moist, en concert. Un compact qui, étrangement, sonne parfois beaucoup plus comme la suite du disque solo d’Usher, plutôt que comme l’héritier de Creature: «C’est possible, estime le chanteur. Chose certaine, Little Songs (son disque solo) a eu une grande influence sur moi, et cela a peut-être reflété sur notre nouveau compact. Je crois tout de même qu’il s’agit d’abord du disque d’un collectif.»

Au nombre des rapprochements à faire avec Little Songs, mentionnons d’abord l’instrumentation nettement plus acoustique, ainsi que les textes d’Usher, plus personnels, et un brin plus concrets. Une pièce comme Comes and Goes, par exemple, n’aurait jamais pu être écrite il y a cinq ans: «Nous avons effectivement beaucoup plus expérimenté, que ce soit avant, ou simplement pendant l’enregistrement, où nous nous sommes amusés avec un paquet d’instruments. Au niveau littéraire, chaque disque de Moist me pose de nouveaux objectifs, et la clarté, voire la concision des textes, est certes un des défis que je me suis imposés pour celui-ci. Au bout du compte, je pense que c’est aussi simplement le résultat de ce que nous sommes désormais comme formation, en 1999.»

Usher aura beau causer de l’effort de groupe, Mercedes Five and Dime est aussi le résultat de ce qu’il est devenu, lui, au fil des ans. On ne donnait honnêtement plus cher de sa peau, il y a quelques années, vers la fin de la tournée de Creature. On le disait mort de fatigue, malade, écoeuré de l’industrie et de tout ce qui tourne autour: «Je n’ai toutefois pas écrit les chansons de Mercedes pendant cette période, soutient Usher. Mais il est vrai que nous étions crevés. Nous avons dû nous ajuster à la vie publique, nous qui étions jusque-là assez anonymes. J’avoue que j’y ai perdu mon équilibre pendant un certain temps, avec tous ces gens qui me faisaient sentir important. Faut pas tout croire ce qu’on nous dit, parce que c’est un milieu où il peut être facile de devenir un parfait trou de cul… Je crois que je suis revenu plus terre-à-terre. À un moment donné, il s’agit simplement de choisir le type de vie dont on a envie, ainsi que les amis qu’on veut vraiment côtoyer.»

Brûlés, écoeurés, les gars de Moist en ont certainement tiré une leçon, et risquent donc de moins tourner dans le futur: «Le pire, c’est que c’est le contraire. Nous allons être sur la route comme nous ne l’avons jamais été auparavant. Le Québec, le Canada, puis les États-Unis dès février. L’Europe suivra finalement. Mais c’est correct, le band est de nouveau heureux, et je crois qu’on sait désormais comment le rester…»

Le 21 août
Au Parc des Îles
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