One Ton
Musique

One Ton

Peu après être débarqué à Québec pour y étudier la guitare classique, Byron Mikaloff s’est fixé deux grands buts professionnels: jouer au Dagobert et… faire la une de Voir. Cinq ans plus tard, le musicien originaire d’une petite ville de Colombie-Britannique n’a pas terminé sa formation au Conservatoire de musique, mais il a tout de même atteint ses autres objectifs: au début de l’été dernier, Byron se produisait quatre mardis de suite au réputé night-club de la Grande Allée avec ses complices de One Ton et, cette semaine, la joyeuse bande figure sur la page frontispice de votre hebdo favori…

Ceux dont la mémoire est le moindrement efficace se souviendront que One Ton est né des cendres du groupe funky The Blokes. L’irrévérencieux quatuor, qui carburait à l’humour gras et à l’autodérision, s’était effectivement disloqué au printemps 1998, après avoir atteint les finales de deux importants concours locaux: le Conga, à l’Université Laval, et le Jamboree, au Kashmir. Environ six mois plus tard, Byron présentait fièrement SuperSexWorld, un bijou de pop aux accents new wave qui témoignait d’un changement d’orientation drastique et laissait croire que One Ton allait bousculer sérieusement la scène locale.

Était-ce une stratégie? Le résultat d’un chaos interne? Un manque de fric? Pendant que nous attendions impatiemment de glisser leur compact dans notre lecteur, les musiciens de One Ton cassaient leurs nouvelles chansons sur scène. On les vit d’abord à l’Université Laval, à l’hiver, où ils raflèrent le grand prix du Conga, puis au Kashmir, où ils offrirent l’une de leurs meilleures prestations à ce jour. Après maintes promesses et quelques changements de personnel, One Ton – Byron Mikaloff, Cristobal Tapia de Veer, Zita Laverdière, Saïmon et D.J. Nerve – lança finalement Beginning of a New Race au début de l’été, juste avant d’entreprendre sa série de concerts au Dagobert.

Enregistré chez Cristobal à l’aide d’une console huit pistes et d’un vieux synthétiseur des années 1970, Beginning of a New Race constitue un brillant alliage de styles qui ont traversé plusieurs époques. SuperSexWorld porte une robe new wave, Diablesse mélange R&B et disco, Alien Sex Friend évoque un croisement contre nature entre rock, house et hip-hop, tandis que Calling You prend la teinte glauque du trip-hop. Chose absolument réjouissante, One Ton réussit ses mélanges audacieux sans jamais perdre de vue son objectif premier: faire une musique riche mais accessible.

«C’est comme si chaque chanson représentait une journée différente, propose Cristobal. Quand une toune était terminée, on embarquait dans un autre univers sans penser au reste de l’album. Mais il y a quand même quelque chose qui fait que tout ça se tient. Le but, c’était de faire de la pop, mais en allant plus loin que ce qu’on entend d’habitude à la radio», explique l’arrangeur en chef. «On veut repousser les limites de la musique pop», insiste Byron, qui écrit les musiques et les textes qui mettent de l’avant un monde imaginaire teinté de mysticisme et d’érotisme.

Une tonne d’ambition
Fiers et enthousiastes lorsqu’il est question de Beginning of a New Race, Cristobal, Zita et Byron s’animent encore plus lorsqu’on leur demande d’entrevoir leur futur. Les yeux pétillants et le sourire aux lèvres, ils décrivent avec précision les effets spéciaux qui pourraient agrémenter leurs prestations dans des amphithéâtres et songent déjà à confier la réalisation de leurs futurs clips au mec qui a fait ceux de NIN et de David Bowie. Bref, maintenant qu’ils ont conquis Québec et sa ville fortifiée, les membres de One Ton n’envisagent rien de moins qu’une carrière internationale!

Peut-être charmées par la voix étonnamment profonde et sensuelle de Zita (qui n’avait jamais chanté dans un groupe avant One Ton), quelques étiquettes importantes ont d’ailleurs approché le groupe de Québec. «Il y en a même qui nous ont promis qu’on pourrait faire un million», assure Byron. Même s’il est évident qu’ils rêvent sans cesse au jour où ils parapheront enfin un vrai contrat de disques, jusqu’ici, les musiciens sont demeurés sur leurs gardes.

Au moment d’écrire ces lignes, on apprenait toutefois que Nerve, considéré comme l’un des meilleurs D.J.’s au Québec, figure désormais parmi les D.J.’s commandités par la compagnie Newmark. Byron, Zita et Cristobal affirment par ailleurs que One Ton s’apprête à conclure une entente avec une boîte de gérance et de production sérieuse basée à Montréal. «C’est sûr, mais il ne faut pas annoncer tout de suite de qui il s’agit», soutient Zita. Disons seulement que One Ton sera entre bonnes mains, car la boîte en question a donné de bons coups de pouce à quelques artistes de la région au cours des deux dernières années.

Avis à l’étiquette qui voudra mettre la main sur One Ton: cette bande d’allumés fort inspirée a sans aucun doute le talent et le charisme nécessaires pour séduire un large public, mais elle a aussi assez l’ambition et les idées folles pour défoncer le plus généreux des budgets!

Le 2 septembre
À l’Université Laval
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Les 4 et 11 septembre
Au Kashmir
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