Musique

John Acquaviva : Pouvoir intime

Pour la première année, l’événement Cream s’est doté d’un album officiel. La compagnie Turbo (qui produit le disque et qui a aussi lancé les trois volumes de Montreal Mix Sessions) a donc demandé à l’homme aux 40 000 vinyles, John Acquaviva, de partir le bal. Un choix naturel, selon le principal intéressé, puisque le D.J. canadien passe régulièrement par Montréal. «Au fil du temps, on développe des amitiés, explique-t-il de sa résidence de London, en Ontario, et je pense que les gens de Montréal aiment mon son.»

Préparer le Cream CD n’a pas été difficile pour John Acquaviva, qui roule sa bosse dans le milieu de la musique électronique depuis le début des années 80. Avec toute l’expérience acquise au fil des ans, il réussit à imaginer la foule, comme s’il jouait en direct. «Je suis capable de fermer les yeux et de faire semblant que je spinne devant un public. En enregistrant cet album, j’ai essayé de capter l’énergie que j’espérerais dégager pour une soirée à Montréal.» Et la sélection des pièces? «Je suis renommé pour mes longs sets de quatre ou cinq heures. C’est un condensé des hauts et les bas de la soirée. Les 30 ou 40 premières minutes sont teintées d’un sentiment positif et joyeux. Je change ensuite pour de la musique plus calme, pour donner un temps d’arrêt.»

Depuis près de vingt ans, John Acquaviva pratique son métier à un rythme effréné. Chaque année, il joue dans environ 160 soirées. Il frôle les 3 000 depuis le début de sa carrière! En plus de Plus8, l’étiquette de disques qu’il a mise sur pied avec Richie Hawtin (alias Plastikman), il promène maintenant son house contagieux un peu partout dans le monde. D’ailleurs, il est le D.J. résident mensuel au Club 135 à Barcelone, et il participera, dans quelques semaines, au méga-événement techno au stade Bercy, à Paris.

Même s’il joue dans cinq ou six énormes partys par année, John Acquaviva préfère encore les petits endroits. «J’adore la grande salle du Sona, mais je demande toujours de jouer dans le bar. C’est plus intime, plus familier. Il y a des gens qui veulent être des rock stars; moi, je me sens plus comme un bluesman. Je préfère spinner 200 fois par année devant 200 personnes», souligne-t-il. Il ne renie pas pour autant les gros événements. Selon lui, il faut faire l’équilibre entre les deux.

Malgré l’essor de la musique électronique, John Acquaviva garde la tête froide. Toujours aussi motivé, il parle avec enthousiasme de son métier. Pour lui, un D.J. demeure avant tout un artiste. «Je prends une poignée de disques et chacun d’eux représente un sentiment. Je fais un collage en mettant toutes les pièces dans le bon ordre.»

Pour ce qui est du phénomène du D.J. superstar, il n’en a rien à cirer. Il se dit d’ailleurs très idéaliste par rapport à sa profession. «Quand je joue dans une ville que je ne connais pas, je suis très fier de pouvoir y aller et de faire du bon travail. Quand une personne vient me voir et me demande: "C’est quoi ton nom?" ou me dit: "Wow! C’était vraiment cool!" ça me motive parce qu’il y a tellement de gars qui le font juste pour l’argent.» Et que nous promet-il pour l’événement Cream? «Le bon vieux John, blague-t-il. Puisque je viens régulièrement à Montréal, sensiblement la même chose!»

Le 11 septembre
Au Stade olympique
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