Musique

Kevin Mahogany : Brandir les standards

Un thème majeur se profile pour la 15e édition du Festi Jazz de Rimouski: la voix. C’est ainsi que le festival reçoit John Pizzarelli, Patricia Barber et le chanteur jazz le plus hot du moment, KEVIN MAHOGANY.

Le chanteur avait déjà enregistré trois disques pour la marque Enja (avec un choix de compositeurs significatifs comme Mingus) avant de signer un premier contrat avec Warner et d’être révélé au public au milieu des années 90: participation à deux films (Eastwood After Hours, de Clint Eastwood, et Kansas City, de Robert Altman), hommage à Louis Armstrong au Festival international de jazz de Montréal devant plus de 100 000 personnes. Dans le film de Altman, il tient le rôle de Big Joe Turner dont il chante Yesterday I Had the Blues. Dans l’une ou l’autre circonstance, Mahogany côtoie de jeunes loups de la musique noire comme Joshua Redman, James Carter, Cyrus Chestnut, Christian McBride, Nicholas Payton, Roy Hardgrove. Le lien qu’il sent avec ces musiciens est le suivant: «Les musiciens de cette génération cherchent à se situer par rapport à la tradition, mais tentent aussi de la prolonger et de participer à son évolution.» Mais Mahogany sentira une filiation d’abord avec toute une tradition de vocalistes.

Kevin Mahogany est né à Kansas City et y a grandi. Dans une perspective historique, Kansas City, c’est Mary Lou Williams, Count Basie, Charlie Parker. C’est, au même titre que la Nouvelle-Orléans, un carrefour de cultures, une croisée des chemins. Mahogany se rappelle avoir toujours chanté. Avant l’étude de la clarinette, du piano et du saxophone baryton. Comme pour d’autres, l’éveil de sa sensibilité musicale se fait dans le contexte familial: «Pour ma mère, l’étude des arts faisait partie intégrante de l’éducation.» Très jeune, il mit sur pieds deux formations, un groupe vocal et un groupe alliant déjà le jazz, le rythm’n’blues et la soul.

Le premier disque enregistré sur étiquette Warner est précisément fait de standards de jazz (swing, chant scat, ballades), de blues, de rythm’n’blues et de soul. Très influencé par Motown. À propos de ces pièces plus populaires, Mahogany insiste pour dire ceci: «Ce sont les chansons avec lesquelles j’ai grandi. Elles sont en train de devenir les nuveaux "standards".» Le chanteur a un goût certain pour les grands textes, comme I Never Dreamed You’d Leaved in Summer, de Stevie Wonder. Suit Another Place, Another Time, et puis la consécration: meilleur chanteur de jazz selon Downbeat en 1998 et 1999 et chanteur de jazz du millénaire selon Jazz Times.

Le dernier disque de Kevin Mahogany, My Romance, est un recueil de ballades. Il y rend hommage à Billy Eckstine et à Arthur Prysock, l’un des plus grands chanteurs de rythm’n’blues. Ce qu’il retient d’eux, «c’est le style très personnel de chacun, la façon dont ils traitent la mélodie, dont ils improvisent». My Romance situe ainsi Mahogany dans la tradition des chanteurs comme Nat King Cole et Johnny Hartman. Voix de baryton, chaleureuse, avec quelques accents dans l’aigu comme on en retrouve dans la musique populaire noire. La force de Mahogany est de faire voir la parenté qui unit le jazz et la chanson populaire. Un discours équilibré, structuré, un chant plein d’intensité et de swing. Enfin, comme Dinah Washington à la fin des années 40 ou Cassandra Wilson aujourd’hui, Mahogany transgresse les catégories. La pop procure des chansons bien ciselées. C’est ainsi que le chanteur interprète des oeuvres de Van Morrison, de James Taylor ou de Lyle Lovett!

À Rimouski, Mahogany présentera un hommage à Louis Armstrong ainsi que des extraits de son dernier disque, My Romance. Il explique ainsi sa fascination pour Satchmo: «Comme chanteur [père du jazz vocal] et comme entertainer.» Mahogany sera entouré de quatre musiciens dont James Weidman, son vieux complice, au piano.

Le 2 septembre
À Rimouski
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