The Herbaliser : Les gens urbains
Musique

The Herbaliser : Les gens urbains

Les Britanniques ont le chic pour réinventer et revendre une idée de l’Amérique au reste du monde. En commençant par les Beatles qui, à leurs débuts, carburaient au rock des pionniers américains et ont fini par envahir la planète avec leur style propre. Dans les années 1980, Wham s’affaira à remodeler le son motown, tandis que Soul II Soul et Sade rebrassaient respectivement le funk ascendant disco et le soul jazzy de chez Stax.

Par les temps qui courent, des formations s’appliquent à suivre les préceptes du hip-hop old school tel que conçu par les pionniers du mouvement: Afrikaa Bambataa, Grand Master Flash & The Furious Five et Sugar Hill Gang. Cette culture se nourrissait d’échantillonnages et de grooves qui faisaient figure de bande-son pour la vie dans les cités.
C’est exactement à cette source qu’est remonté The Herbaliser, groupe de hip-hop britannique qui revient nous rendre visite après un passage remarqué au dernier Festival d’été.

«Il arrive souvent, raconte Jake Wherry, que de jeunes Blancs viennent nous voir après les shows pour nous demander comment s’appelle la musique qu’ils viennent d’entendre. Alors, quand on répond que c’est du hip-hop, il n’en reviennent pas et se demandent où sont les putes, les gangsters et tout le bataclan qui vient avec. C’est l’image que beaucoup de jeunes ont du hip-hop et j’imagine qu’il faut vivre avec!» Wherry s’imaginait-il que son hip-hop cinématographique empruntant à l’univers musical des films de blaxploitation (Isaac Hayes, Quincy Jones, lalo Shiffrin) allait connaître un pareil engouement chez nous et au pays de l’érable? «Honnêtement, on est un peu dépassés, mais complètement ravis. Nous avons été chaleureusement accueillis, particulièrement à Québec et à Montréal où la culture musicale du public est plus étendue qu’ailleurs, particulièrement aux States où nous n’avons réussi qu’à donner des concerts gratuits.»

C’est qu’aux États-Unis, on a vite gommé l’aspect instrumental du hip-hop qui, à l’origine, faisait partie du mouvement au même titre que le rap, les graffitis et le break dance. «Voilà dix ans, le genre de musique que l’on fait était très populaire, mais il n’a pas été développé par les compagnies de disques qui préféraient le rap parce que c’était plus vendeur.» Le groupe termine son périple canadien et québécois pour ensuite retourner en Europe, où des concerts sont prévus jusqu’à la fin de l’année. Après, il est question d’un nouveau disque et d’un repos bien mérité. «J’ai un petit bébé de neuf mois que je n’ai pas vu très souvent, ajoute Jake, je vais devoir faire du rattrapage…»

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