Même si elle tient du cliché, impossible de ne pas faire la relation entre le troisième disque d’Anonymus et l’expression «album de la maturité». Sur Instinct, le quartette montréalais a trouvé un son bien à lui, sans toutefois sacrifier ni à la lourdeur ni à la rapidité de ses prédécesseurs, Ni Vu, Ni Connu (1994) et Stress (1997). Pour parvenir à cet alliage fort accrocheur, les gars ont recouru aux services du producteur Colin Richardson qui a déjà montré son savoir-faire avec Fear Factory, Carcass et Napalm Death, entre autres.
«Avant même de commencer à travailler sur le nouveau matériel, on avait parlé de la possibilité d’enregistrer l’album avec un producteur connu», commente le chanteur et guitariste Marco Calliari. Le bassiste et chanteur Oscar Souto (dont le frère jumeau Daniel tient la guitare au sein du groupe) poursuit: «C’est le groupe français Out (participant au Polliwog extérieur 1998) qui nous a conseillé de le lui demander. Par expérience, ils savaient qu’il était ouvert, que s’il aimait notre musique et était disponible, il accepterait. On a donc enregistré six morceaux qu’on lui a envoyés.»
Il a dit oui, laissant trois semaines au groupe pour terminer l’écriture des chansons. Les gars avaient le choix: accepter le défi de composer plus rapidement que jamais ou passer leur tour et enregistrer avec un producteur local. «On a décidé de tenter notre chance», lance le batteur Carlos Araya. «La pression nous a permis de nous surpasser», dit Oscar.
En définitive, les gars sont très heureux de leur expérience. Ils ont même permis au producteur de chanter sur Hi-Tech Ressurection et Tierra. «Il n’a vraiment pas une bonne voix, mais il était tellement fier», rit Marco. Parlant de chant, Tierra, la ballade de l’album, nous permet de découvrir une autre facette vocale de ce dernier. «Ça fait longtemps que je voulais chanter de cette manière. J’ai étudié en guitare et en chant classique. J’avais eu l’occasion d’inclure de la guitare classique sur Obstinato (Ni Vu, Ni Connu) et le moment était venu de faire de même avec la voix.»
Car les gars l’admettent d’emblée, un morceau comme Tierra ne se serait peut-être pas retrouvé sur Stress. «C’est une question de maturité et d’ouverture», commente Carlos. Même chose en ce qui concerne les scratches de DJ Scrap sur Goal. «Goal est tellement différente des autres, les scratches semblaient une bonne idée, ça sonnait bien à nos oreilles», ajoute le batteur. Puis, il y a le premier extrait, Feed the Dragon et sa tournure légèrement rap, très groovy. Mais Anonymus ne craint pas la désapprobation de ses fans. En fait, si un détail inquiète les gars, c’est qu’Instinct soit majoritairement en anglais. «On ne savait pas si l’on devait écrire des morceaux en français, anglais, italien et espagnol, comme pour Stress. Mais on les sentait plus en anglais», explique Marco. «Des portes se sont déjà fermées devant nous parce que nous chantions surtout en français. C’est pour ça que nous chantons en anglais. Cela dit, on a inclus deux morceaux en français et un en espagnol / italien, question de changer les mentalités. Mais dans le fond, si les gens aiment la musique, c’est le plus important», conclut Oscar.
Le 8 octobre
Au Cégep de Limoilou