Scène locale : Les Respectables
Musique

Scène locale : Les Respectables

Il est de ces victoires plus satisfaisantes que d’autres. Question d’enjeux. Après deux albums et une compilation de raretés, Les Respectables ont mis ce qui leur restait de rêves rock’n’roll dans un nouveau projet. «Et si on faisait un album en français?», se sont demandé Sébastien Plante (chant-guitare), Pascal «Pascual» Dufour (guitare), Stéphane Dussault (basse) et Stéphane Beaudin (batterie), après que la version française de La Java ait cartonné à la radio.

Encore fallait-il dégoter ce contrat de disque qui leur avait toujours échappé. Se trouver une maison mère ne suffit pas toujours: il faut être entouré d’une bonne équipe qui croit en ce que vous faites, et je ne parle même pas de la gérance. Les Respectables ont trouvé tout cela. Quelques maquettes ont suffi pour inciter l’équipe d’Avalanche productions et les Disques Passeport à prendre le groupe sous leur aile. Après huit ans de galère et quelque 900 concerts, l’aventure véritable commence enfin avec un premier disque officiel ($ = Bonheur). «On est chanceux, mais on a fait notre chance», explique Plante, qui pourrait, avec ses collègues, ravir le titre de «hardest working men in show business».

Que les fans de la première heure dorment tranquilles, le groupe a conservé le côté rock’n’roll qui a animé les folles nuits de la Vieille Capitale. On peut comparer le topo actuel au modèle des Doobbie Brothers. Les barbus se sont fait connaître par leur rock brut, qu’ils ont ensuite mâtiné de folk pour prendre ensuite une tangente soul. C’est en brassant tout cela que le groupe a atteint les sommets. Les Respect’s ont commencé par donner dans le southern rock, puis dans le funk-rock, pour ensuite flirter avec le reggae et les sonorités latines. En faisant le bond de l’anglais au français, nos amis ont intégré d’autres infuences (Gainsbourg, Dutronc, Rita Mitsouko, Leloup) d’une manière assez adroite pour que l’album ratisse large sans que sa cohésion n’en soit altérée. Les gars envoient promptement des fleurs à Éric Filto, le wiz des Soul Attorneys, qui a fait un travail colossal derrière les consoles. C’est sans parler de l’impressionnante liste de collaborateurs, en commençant par Éric Lapointe, France D’Amour et Roger Tabra, de même que Zita et D.J. Nerve, membres notoires de One Ton.

«C’est notre disque le plus personnel, dira justement Dufour, et ça ne ressemble à rien de ce qui se fait au Québec en ce moment.» Il a encore raison.

$ = Bonheur
Les Respectables
(Disques Passeport/Sélect)