Anne-Marie Gélinas : Règlement de comptes
Musique

Anne-Marie Gélinas : Règlement de comptes

On s’est tous demandé, au moment de la sortie de son premier album, Le Tango de l’amor, d’où sortait cette fille. Comment les plaies ouvertes sur quarante-deux ans d’existence pouvaient donner des textes coup-de-poing d’une telle magnitude. Comment la souffrance dont il est question ici avait une beauté, un visage. Lorsqu’on ressort finalement des textes d’Anne-Marie Gélinas (est-ce qu’on en ressort vraiment?), on reste subjugué, cloué sur place.

On découvre, à travers ses textes, une poésie «traitement-choc», un lavement baryté de la conscience et un règlement de comptes avec la vie. À des galaxies de la complaisance. Cette femme-là nous emmène dans des racoins sombres, et soudainement… pouf! elle allume toutes les lumières. Pas reposante, Anne-Marie Gélinas.

J’anticipais donc notre rencontre dans un café, à la découverte d’une auteure-compositeure-interprète à la plume vitrioleuse et à l’âme écorchée. Sa vulnérabilité sert si bien son art qu’on la sent entière, sans compromis. «Si je mourais demain matin, j’aurais l’impression d’avoir livré la marchandise. Je n’ai pas tout dit, mais une grosse partie. Pour une raison que j’ignore, on a toujours l’impression que les grandes chansons sont dramatiques et les plus légères, moins bonnes. Je ne suis pas d’accord. Mais il y a tellement d’humour autour de nous que j’ai décidé de faire mon festival "Juste pour pleurer". Dans la vie, je suis une personne grave et dramatique, et cela, même si dans mon spectacle, il y a plus d’humour. Mes jokes ne sont pas toujours comprises du premier coup, mais je suis comme ça, un peu pince-sans-rire», dit-elle, avec une voix cassée par l’émotion.

«Ma plus grande influence, c’est mon frère Gilbert. Je n’en reviens pas de son talent. Dire que j’assume intégralement ma marginalité est nettement exagéré. Ce que je dis haut et fort, ce sont des choses que les gens ont sur le bout de la langue.»

«J’ai fait dix-huit écoles pour faire mon secondaire 5, avec un père connu (Marc Gélinas) que je voyais juste sur les écrans de télévision. Je me disais qu’il n’y aurait jamais personne qui va comprendrait qui je suis. Aujourd’hui, les parents séparés, c’est chose courante.»

«Depuis plusieurs mois, je répète avec trois musiciens, et il y a des chansons qui ne sont pas sur l’album qui s’intègrent dans l’univers du spectacle. Je me sens bien derrière un micro. Cela donne un sens à ma présence dans le monde. C’est le moment où je me sens le plus «groundée» et le moins anormale. Je me perçois comme une Lynda Lemay heavy-métal!»

Le 7 novembre
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