Musique

Retour de son : Peter Hammill

Le 26 octobre, au Grand Théâtre
Frêle, court sur pattes, Peter Hammill n’a, de prime abord, rien d’imposant. Mais dès qu’il touche l’une des clés de son clavier, qu’il pince les cordes de sa guitare ou qu’il élève la voix, c’est un univers tout entier qui jaillit. Glissando vocaux, murmures, cris, ponctués de silences et de crescendo redoutables, la musique d’Hammill, même en duo, envahit l’environnement sonore jusqu’à saturation. Mais au-delà des prouesses de l’excellent violoniste Stuart Gordon, de la complexité de certaines compositions et de la voix – encore impeccable – du chanteur, c’est la dimension sensible de cette prestation que l’on doit saluer. Car si les pièces d’Hammill paraissent souvent froides ou cérébrales sur ses albums, en spectacle elles vous décochent un direct au coeur. Hammill les enchaînait une à une, prenant à peine une petite pause d’une dizaine de secondes entre chacune d’elles, poussant la densité émotive à la limite du supportable. Un spectacle intense, comme on en voit rarement. Voilà sans doute ce qu’on appelle bien vieillir. (N.H.)

***

São

Le 29 octobre, au Grand Théâtre
Disons le tout de suite: ce n’était pas la meilleure soirée de São. Pourtant, sur le plan de la performance, bien peu de reproches à faire hormis quelques petites bavures à la flûte, à la guitare et à la tambourine (celle-ci souvent hors tempo). Rien d’inexcusable, donc, mais même si São s’investissait dans ses chansons et que sa voix portait très bien, le courant ne passait pas.

Le spectacle souffrait à l’évidence d’un problème de structure: mauvaise succession des pièces, arrangements répétitifs ou similaires, interventions longuettes (et un peu trop graves), brisant le rythme. De plus, un mauvais réglage à la console a nui, à maintes reprises, à la voix de la chanteuse, étouffant tout son relief vocal. Enfin, impossible de nier l’impact du public, généralement froid et peu enclin à se laisser séduire par les chansons, même durant les bons moments – car des bons moments, il y en a eu plus d’un.
Tout au long du spectacle, on sentait que l’immense potentiel de São ne demandait qu’à être éveillé et qu’on lui rende justice. Dommage qu’on n’ait pu y avoir entièrement droit. (N.H.)

***

The Respectables
le 30 octobre, au Kashmir
Premier concert officiel des Respectables depuis la sortie de leur nouvel album. Sur la route avec Éric Lapointe, le groupe a profité de la pause occasionnée par la tenue du Gala de l’ADISQ pour offrir ce concert dans le cadre de l’événement Dernier Halloween avant l’an 2000. Vêtus de ponchos et coiffés de sombreros, les membres du quatuor ont offert une première partie à saveur tex-mex, mélangeant habilement les titres latinos et reggae gravés sur $ = bonheur (Téquilla Maria, Hola décadance, L’argent fait le bonheur, L’Homme 7:00 Up, etc.) avec leur matériel plus rock’n’roll (Sunshine, New York, Sophie).

Au grand bonheur des fans, les nouveaux titres se mariaient bien au répertoire anglophone du groupe qui affichait tout le dynamisme et la verve qui a fait sa réputation. Des titres récents comme leur nouveau tube Amalgame prenaient sur scène une amplitude qui renforçait l’impact initial. En clair, tous leurs nouveaux morceaux passent haut la main le test de la scène, ce qui vient reconfirmer la solidité de l’abum. Je persiste et signe, Les Respectables sont les rois du rock made in Québec. (F.T.)