Sylvain Lelièvre et Pierre Barouh : Pont musical
Musique

Sylvain Lelièvre et Pierre Barouh : Pont musical

Fidèle à son habitude, le fondateur et programmateur de Coup de cœur francophone, Alain Chartrand, prend un délicieux plaisir à créer de toutes pièces des rencontres entre musiciens de la francophonie. Ses coups doubles, réunissant un artiste en émergence au Québec et un nouveau visage étranger, plus souvent qu’autrement français, servent de rampe de lancement. On se demande fébrilement quelle sorte d’initiation nous réserve le tandem formé des «jeunes» Sylvain Lelièvre et Pierre Barouh. Sûrement pas à l’amour des mots qu’ils embrassent inconditionnellement, mais probablement plus à la façon de le faire. Depuis près de quarante ans, ils ont écrit et chanté une trentaine d’albums, octroyant la part belle au mariage des genres. Lelièvre, on le sait, n’a jamais été trop loin du jazz dans cette façon nonchalante de faire danser ses phrases, constat encore plus net sur Les Choses inutiles, sont plus récent disque. Barouh, lui, ce sont les voyages. Dans la vie comme dans la chanson, de Longueuil au Brésil, de Claude Gauthier à Joao Gilberto. Et puis il y a Bïa (aussi à Coup de cœur), qui s’ajoute à sa longue liste d’amis et qui prête sa voix au plus récent disque de Barouh, Itchi Go Itchi E, qui veut dire «Une rencontre, une occasion». Tiens, tiens…

Jusqu’à il y a un an, les deux quinquagénaires ne s’étaient jamais rencontrés. En bavardant avec eux, on apprend dès le début de la conversation que le duo n’est pas un nouveau tandem d’écriture. Qu’ils sont là parce qu’ils ont le goût d’échanger, de s’insérer dans l’univers de l’autre.

«C’est certain que j’avais bien aimé la chanson du film Un homme et une femme (chabada bada), qu’il a coécrite avec Francis Lai, de se rappeler Lelièvre; mais il avait fait un disque avant 1966.» Et Lelièvre se met à nommer tous les titres des chansons: Déja ivre, Les Ronds dans L’eau, etc. Puis notre expert de Limoilou en rajoute: «C’est incroyable, il y avait une chanson, Rose, sur laquelle Baden Powell jouait de la guitare.

Dans les années soixante, Pierre était world beat avant tout le monde, d’analyser Lelièvre. Et ça me rejoignait profondément parce que j’ai le sentiment, non seulement de n’avoir jamais été à la mode, mais de ne l’avoir jamais souhaité.»

Après une semaine passée au début de l’année en «résidence d’artiste» à Sept-Îles, à la suggestion d’Alain Chartrand, les deux musiciens ont concocté un showcase avec les musiciens de Lelièvre pour le ROSEQ (Réseau des Organisateurs de Spectacles de l’Est du Québec), qui tenait son congrès: «On n’a pas eu d’engueulade, Pierre, c’est pas normal!» Barouh ne réagit pas.

Mais il enchaîne: «Comme j’aime bien me rendre disponible… (pause), et puis showcase, je ne savais même pas ce que ça voulait dire. Cependant, la toile de fond, de poursuivre Barouh, reste le fait de partager des choses, certaines émotions à travers ce mode d’expression privilégié qu’est la chanson, et dans l’espoir que ce partage se prolonge avec le public. La notion de nouveauté existe aussi; pour soi-même, dans la façon de redécouvrir ses propres chansons. Être accompagné par des musiciens, c’est très très rare que je fais ça. En fait, je vais faire la première tournée de ma vie», dit-il, en mentionnant les quelques dates au Québec qui culmineront avec le spectacle de clôture au Medley.

Le 4 novembre

À la maison de la culture Frontenac

Le 14 novembre au Medley, avec Daniel Boucher

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