Le terme manouche renvoie aux groupes de gitans dont la musique est fortement liée au jazz. Ceux-ci se retrouvent principalement en France, en Belgique, en Allemagne et en Italie. C’est le grand Django Reinhardt qui amorça cette fusion entre la musique gitane traditionnelle et le jazz, d’abord le swing, puis le bop. Pour le guitariste Angélo Debarre, Reinhardt est bien plus qu’un grand interprète, c’est le "créateur d’un folklore moderne, celui des gens du voyage".
Depuis Christian Escoudé, Philippe Catherine, les frères Ferré (et plus récemment les frères Rosenberg ou Romane), peu de guitaristes manouches ont manifesté une compréhension aussi profonde de l’oeuvre de Reinhardt et se sont imposés avec une maîtrise aussi éblouissante de l’instrument. Angélo Debarre éprouve une véritable passion pour Reinhardt dont il reconnaît l’héritage (technique, répertoire). Nous connaissons bien l’interprète (la virtuosité de Django comme guitariste, son sens incomparable du swing), mais peut-être moins ici le compositeur (son intérêt pour la musique classique, l’inspiration orientale). Mais, ce qui a d’abord intéressé Debarre à l’écoute de Reinhardt est beaucoup plus simple: "C’est une musique qui raconte une histoire, qui a tellement de coeur, qui est sans âge. C’est une musique qui est
La carrière d’Angélo Debarre prend son envol en 1984 avec le premier Angélo Jazz Quintet. Soulignons quelques concerts et quelques enregistrements d’une feuille de route bien garnie. Les concerts: plusieurs participations au Festival Django Reinhardt de Oslo, premières parties de John McLaughlin et de Philippe Catherine au North Sea Jazz Festival en 1990, première partie de Goran Bregovic, compositeur de la musique Le Temps des gitans, à l’Olympia en avril 1998. Les enregistrements: Portrait of Django avec le Hot Club de Norvège en 1994, Rien dans les poches, avec le groupe Bratsch en 1996, et The One and Only avec Jimmy Rosenberg et Biréli Lagrene en 1998.
Le disque intitulé Caprice, distribué au Québec sur l’étiquette Mosaïque, présente le travail d’Angélo Debarre sous plusieurs facettes, autant au plan du répertoire qu’à celui des combinaisons d’instruments. Par la reprise en solo d’une pièce très connue du folklore gitan, Le Vieux Tzigane, Debarre se situe clairement dans une tradition et évoque un élément essentiel de la culture des siens. "C’est un morceau de papa, dit-il. Le père est important. C’est lui qui montre la direction à suivre." L’héritage de Reinhardt est bien sûr présent: l’immortelle Nuages, Anouman (ballade qui n’a rien à envier à You Don’t Know What Love Is), Appel indirect (manifestement influencée par l’Europe de l’Est). Des compositions de Debarre permettent de présenter son univers personnel, son originalité. En réponse à une question sur l’écriture, Debarre explique que son souci premier est de "garder les couleurs gitanes". Pour ceux qui craindraient que les traits de virtuosité, souvent partie intégrante des musiques de tradition indienne, masquent l’émotion, il faudrait écouter Inquiétude, qui manifeste une sensibilité et un lyrisme à couper le souffle.
Angélo Debarre se produira en trio avec Matcho Winsterstein et le plus gitan des contrebassistes québécois, Michel Donato. À ne pas manquer!
Le 9 novembre
Au Théâtre Petit-Champlain
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