De plus en plus de gens semblent croire que Québec a tout ce qu’il faut pour devenir un pendant intéressant de l’industrie musicale montréalaise. Une sorte de centre parallèle où l’on croit plus à la nécessité de développer des artistes qu’à celle de faire des coups d’éclat. Après New Rock, une petite boîte motivée versée dans un créneau rock, voici que Bruno Pelletier, le Gringoire de Notre-Dame de Paris, a décidé de mettre sur pied un studio d’enregistrement et un service de consultation destinés à la relève.
L’idée lui trottait dans la tête depuis un bout de temps. L’immense succès que Pelletier connaît maintenant, ici comme en France, ne lui a pas fait oublier ses débuts difficiles. Il a quitté Québec il y a 12 ans et a enregistré trois disques avant de finalement connaître la gloire. Il y a, selon lui, trop d’artistes talentueux qui meurent après deux albums, en raison d’un marché étroit et d’une industrie peu intéressée à financer des flops commerciaux.
Concrètement, le projet de Pelletier et de ses deux associés compte une maison de production, Les Productions de Champlain, une étiquette de disques, Les Disques Signature, et un studio d’enregistrement. La salle Jean-Paul-Tardif, jouxtant le studio, pourra aussi être utilisée comme lieu de diffusion. "Je n’ai pas l’intention de révolutionner le paysage culturel québécois, mais je trouve qu’il y a un bassin d’artistes et un marché qui méritent quelque chose dans la région de Québec", affirmait-il, lors d’un entretien téléphonique depuis Paris.
Le premier projet veut montrer l’ouverture d’esprit dont ils feront preuve. Il s’agit d’un album de classiques de Noël – traditionnel mais pas kétaine, précise-t-il -, enregistré par le quatuor à cordes Aramis. "On a aussi l’oeil sur quelqu’un qui fait une musique à tendance jazz world beat", avance le chanteur, qui veut aussi fouiller l’underground.
Fait intéressant, le trio d’entrepreneurs veut éventuellement lancer un service de consultation pour les artistes débutants confrontés à une paperasse à laquelle ils ne comprennent rien. "Quand j’ai vu mon premier contrat, il y a 13 ans, j’étais complètement largué, raconte Pelletier. Je ne savais pas si c’était cohérent ou non. Tout le monde te dit toujours que c’est un contrat standard, mais ça n’existe pas! Tout se négocie et il faut le dire aux gens qui se posent des questions."
"Mes deux associés et moi croyons qu’avec le peu de moyens dont on dispose et toute l’énergie qu’on a, on peut développer quelque chose de différent. Il n’y a rien de prétentieux dans ce qu’on veut faire, insiste-t-il. On n’a pas envie de compétitionner des multinationales, ni d’autres studios. On ne jouera pas à la grenouille qui veut être plus grosse que le boeuf."
Les structures mises sur pied par Pelletier et ses associés ne bénéficient actuellement d’aucun support public, mais le chanteur compte bien faire un peu de porte à porte au cours de l’année qui vient. Il mise aussi sur sa visibilité médiatique pour attirer l’attention sur le projet et les idées qu’il défend. "J’en parle là, le temps de dire que ça existe, et après je retourne dans l’ombre. Ce n’est pas moi qui vais prendre les devants, assure-t-il, ce sont les artistes qui auront signé."