

Guérilla : Combat Rock
Lorsqu’on choisit de s’afficher sous l’emblème des Patriotes et qu’on appelle son premier album Manifeste, il faut s’attendre à créer des remous. Les gars de Guérilla en savent quelque chose.
Nicolas Tittley
Lorsqu’on choisit de s’afficher sous l’emblème des Patriotes et qu’on appelle son premier album Manifeste, il faut s’attendre à créer des remous. Les gars de Guérilla en savent quelque chose, et depuis que leur premier vidéoclip a été retiré des ondes pour des raisons soi-disant «artistiques», il a été plus souvent question de leur message que de leur musique. «On s’est déjà fait approcher par des gens du PQ et du MNLQ mais on n’a jamais voulu rien savoir de ce monde-là», explique Janick Lavoie, guitariste de la formation de Sherbrooke. «Quand le clip de Manifeste a été censuré, Raymond Villeneuve nous a même contactés personnellement pour nous offrir son aide, mais il est hors de question qu’on s’associe avec une bande d’extrémistes anglophobes. Guérilla n’est affilié à aucun parti ou mouvement politique. Notre action politique, c’est dans nos textes qu’elle se passe.»
Il ne faudrait pas se méprendre sur Guérilla: militants, ils le sont certainement, mais violents, sûrement pas, même si leur musique, sorte d’hybride métal-rap que l’on classe généralement sous l’étiquette fusion, peut blesser les oreilles sensibles. Sur leur nouvel album, Plus question de reculer, ils persistent et signent, revenant d’ailleurs sur l’histoire du vidéo de Manifeste dans la chanson Censure à la 2. Et si un titre comme Prenez les armes a de quoi faire frémir, il suffit de porter attention au texte pour se rendre compte de quelle combat il s’agit. «Les meilleures munitions sont les mots / Prenez les armes / Tôt ou tard, nous vaincrons grâce à la force des mots», peut-on entendre. Des mots, Guérilla en a à revendre; et s’il n’est pas toujours facile de faire de la poésie lorsqu’on écrit une pièce sur la Révolution cubaine ou sur la grève de l’amiante de 1949, leurs paroles ont le mérite d’être vraiment bien foutues. À une époque où le hard fusion est essentiellement dominé par des groupes dont la mentalité se rapproche de plus en plus de celle d’une équipe de football universitaire, ce n’est pas rien. «On se fait souvent complimenter pour nos textes et ça nous fait vraiment plaisir, raconte Janick. C’est vrai que dans le genre de musique qu’on fait, il y a beaucoup de clowns: quand je vois un groupe comme Coal Chamber, pour qui le maquillage et les piercings passent avant tout, ça me donne envie de vomir!»
Dans le style de musique privilégié par Guérilla (à la fois hard et politisé), seul Rage Against the Machine a réussi à connaître un succès de masse sans édulcorer son message. Mais selon Janick, il existe en parallèle un imposant réseau international de rockers engagés qui lui a permis de recontrer des bands indépendantistes du Pays basque, de Bretagne et même de Malte lors des tournées européennes de Guérilla. «Quand tu rencontres des Basques, tu te trouves presque ridicule de parler d’indépendance du Québec avec les chevauchements de compétences, les problèmes d’affichage et les raisons économiques», raconte Janick. C’est peut-être ce qui explique que sur Plus question de reculer, une seule chanson parle d’indépendance (il s’agit d’ailleurs d’un texte du Patriote Chénier). La pièce-titre fait plutôt référence à la fameuse grève de 1949 à Asbestos, un thème cher à Guérilla, puisque deux des membres sont originaires de cette ville. « Je trouve ça important qu’il y ait des groupes qui chantent des choses comme celles-là, surtout parce que je ne suis plus capable d’entendre des vieux crisses comme Gilles Proulx crier que les jeunes n’ont ni culture, ni connaissances historiques.»
Le 9 décembre
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