Cayouche : Cow-boy de l'Est
Musique

Cayouche : Cow-boy de l’Est

Son vrai nom est Réginald Charles Gagnon, mais en Acadie, on l’appelle Cayouche. Ce «hippy troubadour» est un être pas compliqué pour qui la vie est une chanson à trois accords, dépeinte avec un franc-parler familier et une audacieuse  franchise.

Son vrai nom est Réginald Charles Gagnon, mais en Acadie, on l’appelle Cayouche. Cayouche, le «hippy troubadour». Un curieux personnage il va sans dire, juste à regarder sa fouineuse face de yéti, sa chemise de chasse et ses bottes Kodiac délacés. À vivre obstinément au fond des bois, en solitaire comme cela semble l’accommoder, on pourrait penser qu’il s’agit d’un asocial, mésadapté, d’un baba cool marginal, beatnik un jour, beatnik toujours.

Mais la vérité, c’est que Cayouche est un être pas compliqué pour qui la vie est une chanson à trois accords, dépeinte avec un franc-parler familier et une audacieuse franchise. Voici en exemple une phrase, une seule, tirée d’une chanson de son troisième et plus récent disque, Roule, roule, et qui va comme suit: «Tu m’as flushé dans la toilette de ton coeur.» Mettez-y un ton un peu nasillard et vous avez là un chef-d’oeuvre de simplicité. À se demander si Les Ours et Mara Tremblay s’en sont déjà inspirés. Précisons toutefois qu’il s’agit d’une traduction libre d’une chanson de Johnny Cash. «J’ai grandi avec Johnny Cash et Merle Haggard, admet-il. Marcel Martel pis Paul Brunelle, j’ai pas connu ça. Je les connais so much, pour avoir entendu parler d’eux autres. Mais à Moncton, on écoutait l’émission du Grand ‘Ole Opry en provenance de Nashville. La base de ma musique, c’est le country américain. Une fois, badine Cayouche, j’écoutais ma radio à batteries pis j’ai entendu quelqu’un dire qu’il aimait mieux être en bas de laine que d’être en bas de zéro. Quand j’ai entendu ça, j’ai sauté sur ma guitare pis j’ai fait une toune.»

Gagnon fut dans le Marine Corps de l’armée américaine de 1966 à 1969. La guerre du Viêt-Nam: «Moi, je déchargeais les bateaux. On fumait beaucoup de pot. Y a du bon stock au Viêt-Nam. Mais j’ai tiré sur personne. Pourquoi l’aurais-je fait? Y m’ont rien fait, eux autres! Ensuite, raconte-t-il, j’ai passé dix-sept ans aux États-Unis. En 1979, je suis revenu au Canada et j’ai voyagé sur le pouce d’un océan à l’autre pendant huit ans avec mon sac à dos et ma guitare. Jack Kerouac? Connais pas.» Cayouche est analphabète.

Ses deux premiers albums, Un vieux hippy et Moitié-moitié, se sont vendus à pas moins de 25 000 exemplaires. Un tour de force dans le seul marché acadien. Il aura fallu un gars du coin, Marc Beaulieu, aussi directeur musical de son compatriote Roch Voisine, pour faire de Roule, roule (grâce à une production sobre mais soignée) un album bien au-dessus de la manne habituelle.

«Quand on fait des shows, on a du fun en câline là-dedans. Je fais des jokes et on s’amuse. Je prends des petites bouteilles brunes (de la bière), mais quand je viens au Québec, j’apporte avec moi celle du Nouveau-Brunswick: l’Alpine. Je ne suis pas capable de boire autre chose.» Cayouche, de Burnsville, près de Paquetville, emmène pour ses deux spectacles au Kola Note une fiable équipée de musiciens: Solange Campagne, de la famille de Hart Rouge, et Martine Daigle, ses «anges» choristes pour reprendre son qualificatif; Marty Melanson, contrebassiste et Méchant Maquereau à ses heures; et Johnny Comeau des défunts Beausoleil Broussard, au violon et à la mandoline.

«Moi, je veux vivre jusqu’à cent ans. Là j’en ai cinquante et un, ça veut donc dire que chu à moitié mort! J’ai toujours dit que je n’avais besoin de rien dans la vie, comme ça j’ai tout ce que je veux! Tout ce que je possède, c’est ma van.»

Les 4 et 5 février
Au Kola Note
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