Stereophonics : La conquête de l'Ouest
Musique

Stereophonics : La conquête de l’Ouest

Mégastars en Angleterre, inconnus ici, cela n’empêche pas les Stereophonics de vouloir prendre d’assaut l’Amérique du Nord. Rencontre avec un groupe conscient du difficile chemin à parcourir pour percer de ce côté-ci de l’Atlantique.

À mille lieues du maniérisme britannique se trouve une formation qui a fait sa marque avec un rock simple, mais terriblement efficace. À grands coups de guitares et de textes qui parlent de la vie de tous les jours, Stereophonics a conquis la Grande-Bretagne en trois petites années. Prochaine étape: percer en Amérique avec son deuxième album, Performance and Cocktails. «On veut intéresser d’autres publics, on ne veut pas juste être un groupe à succès dans notre pays», précise le chanteur et guitariste Kelly Jones, joint en Angleterre quelques jours avant d’entreprendre une tournée avec Our Lady Peace.

L’histoire du groupe commence à Cwmaman, un petit bled de 500 habitants dans le sud du pays de Galles. C’est là que trois jeunes rebelles, Kelly Jones, Richard Jones (bassiste) et Stuart Cable (batteur), se réunissent pour écouter du bon vieux rock, comme Led Zeppelin, The Kinks, CCR et AC/DC. Par la suite, ils jouent des reprises pendant plusieurs années jusqu’au moment où Kelly commence à écrire ses propres compositions. Après des centaines de spectacles, ils signent un contrat de disques avec la compagnie V2 en 1996, ce qui leur permettra, un an plus tard, de lancer un premier album: Words Get Around. Le succès ne se fait pas attendre, le disque se retrouve rapidement parmi les 10 premières positions du palmarès anglais. En plus de remporter le titre de Meilleur nouveau groupe aux Brits Awards (l’équivalent anglais des Félix), le groupe fait des premières parties pour The Who, Supergrass et Manic Street Preachers.

En mars dernier, Performance and Cocktails est mis sur le marché et l’impact est fulgurant: Stereophonics fait son entrée au palmarès directement au numéro un, battant même Britney Spears. En neuf mois, l’album s’est écoulé à plus de 800 000 copies en Angleterre. Pour plusieurs magazines britanniques, Stereophonics est sans contredit le groupe de 1999. Même si les choses ont bougé rapidement, Kelly Jones refuse de croire que lui et ses copains ont vécu un succès instantané. «Depuis l’âge de 12 ans que je fais partie de différents groupes, spécifie-t-il; Stuart, Richard et moi nous avons travaillé fort pendant 13 ans pour en arriver là.»

Un peu à l’image de leur musique, les membres de Stereophonics sont restés très simples face au succès. D’ailleurs, Kelly et Stuart habitent toujours à Cwmaman, seul Richard est déménagé à Londres. Pour eux, le plus important, c’est la musique. Le reste est superflu, comme l’explique Kelly Jones: «Nous voulons nous concentrer sur l’écriture des chansons et jouer le plus souvent possible.»

Le rêve américain
Après avoir conquis l’Angleterre, Stereophonics s’attaque maintenant au marché nord-américain. Les trois gars veulent donc réussir là où d’autres se sont cassé les dents auparavant. Malgré l’effervescence du britpop et de l’électronica au cours des années 1990, les Américains semblent toujours insensibles à la musique venant de Grande-Bretagne. Les exemples sont nombreux: Blur (malgré l’impact relatif de Song 2), Suede, Manic Street Preachers ou Catatonia ont beaucoup de mal à trouver la voie du succès de l’autre côté de l’Atlantique. Cette réalité, Kelly Jones en est conscient et il ne veut pas se mettre trop de pression sur les épaules: «Je ne dis pas que ça va arriver, mais on aime les défis.»

Pour réussir, les membres de Stereophonics veulent prendre le temps qu’il faut. Et ils utiliseront leur arme ultime: la scène. Comme le dit si bien Kelly Jones: si ça prend un an, ça prendra un an; si ça prend cinq ans, ça prendra cinq ans. Dans la dernière édition du magazine britannique Select, les gars semblaient pourtant fort découragés de ce qu’ils devraient faire pour séduire les Américains. Bien sûr, ils veulent percer, mais pas à n’importe quel prix. «On était surpris de voir toute cette merde dans la business en Amérique. On trouve que c’est complètement inutile. Nous, on veut être sur scène, c’est tout.»

Si Stereophonics peut rassembler 50 000 personnes dans un stade en Angleterre, il doit jouer ici les seconds violons en faisant des premières parties ou en se produisant dans des petites salles. Cette situation ne semble pas décourager Kelly Jones. Bien au contraire, il prend le tout avec un grain de sel. «D’une certaine façon, c’est plus facile de faire une première partie. Ça nous enlève la pression d’être meilleurs que le groupe qui joue avant nous», lance-t-il en riant. Fait intéressant, c’est Our Lady Peace qui a ouvert pour le groupe lors de leur tournée anglaise, en décembre dernier. «Ce sera moins difficile parce que nous sommes tous dans le même bateau.»

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