NEM/Musique Défilé : Nouvel air
Musique

NEM/Musique Défilé : Nouvel air

Musique Défilé pour une fin de siècle est présenté par le Nouvel Ensemble Moderne en collaboration avec l’École internationale de mode du Collège LaSalle, dans le cadre du Festival Montréal en lumière. Cet alliage du monde de la musique contemporaine et de la mode s’annonce comme un événement exceptionnel.

En décidant de donner carte blanche à Linda Bouchard pour un concert, le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) ne se doutait pas qu’il participerait à un défilé de mode. Lorsque Lorraine Vaillancourt, directrice artistique de l’ensemble, a approché la compositrice, cette dernière lui a donné le choix: un projet fou, ou un autre plus prévisible. «Dis-moi ton projet fou», aurait alors répondu la chef d’orchestre… Et c’est ainsi qu’est né Musique Défilé, un événement préparé conjointement par le NEM et l’École internationale de mode du Collège LaSalle, sur des musiques de Linda Bouchard et Marcelle Deschênes, dans une mise en scène de Richard Armstrong. L’idée habitait la compositrice depuis longtemps, fascinée qu’elle est par l’écho de la mode dans nos vies. «La mode fait partie de notre vie de façon profonde, même à notre insu, soulignait Linda Bouchard en entrevue. Elle influence notre perception des autres, de nous-mêmes, de notre corps. La mode véhicule énormément de valeurs. Par exemple, qu’est-ce que le concept de beauté au début du troisième millénaire?»

Rencontre du troisième type
Musique Défilé n’est pas une critique de la mode actuelle, pas plus qu’il ne l’accepte béatement. L’événement joue beaucoup sur les ambiguïtés, la provocation, mais il se veut également une fête de la mode, une célébration joyeuse de la beauté et de l’extravagance. Son côté déroutant réside dans la multiplicité des angles présentés au spectateur curieux. «L’idée est de faire un défilé de mode "réel", mais en changeant un peu le contexte, surtout par la musique, qui modifie l’expérience de la mode et du vêtement. Je pense qu’il y a des gens qui vont ressortir de là avec la sensation d’avoir vu un défilé de mode habituel; et d’autres qui vont avoir eu une expérience à plusieurs niveaux.»
Richard Armstrong, metteur en scène de l’événement, a adopté d’emblée la perception de Linda Bouchard. «Dans mon scénario, il y a au moins trois mondes différents qui se côtoient, explique le metteur en scène jont à New York la semaine dernière. C’est une réflexion sur les costumes extravagants, la mode poussée à l’extrême; sur le prêt-à-porter, qui est plus limité; mais aussi sur la mode de tous les jours, telle que portée par les instrumentistes et d’autres personnes que j’espère trouver à Montréal la semaine prochaine!»
Le défilé nous fera voir non seulement des mannequins professionnels, amateurs et étudiants, mais aussi les musiciens du NEM en pleine action sur le podium… «Richard sait créer des situations subtiles, mais quand même assez révélatrices», témoigne Linda Bouchard. «Nous voulons montrer des corps de différents types, précise le metteur en scène. Il y aura des rencontres entre les musiciens et les mannequins, de petites scènes. En même temps, ce sera sous forme de défilé, avec entrée et sortie. Mais entre les deux, il y aura des événements…» Autre rencontre inusitée, celle de la musique de Linda Bouchard avec des modes d’expression musicale plus populaires, en l’occurrence: le disco, le rock, la ballade populaire. «Pour la première fois, je fais référence à d’autres musiques. La mode fait partie d’une culture largement diffusée, et le milieu de la musique sérieuse boude l’idée qu’elle pourrait être un art d’expression important, explique la compositrice. Je voulais faire un pied de nez à cette conception étroite qui veut que la mode ne soit qu’une simple décoration. D’un autre côté, je voulais aussi une narration, mais sans avoir de texte. Je me suis demandé comment ma musique pourrait bien dire quelque chose de plus, car elle peut être assez abstraite… En y incluant des éléments de musique référentielle, j’ai trouvé la solution.»

Création en liberté
Si un commentaire est véhiculé par Musique Défilé, il porte sur l’ambiguïté et la puissance du message de la mode. Marcelle Deschênes, qui a participé au projet en tant que compositrice de musique électroacoustique, apporte elle aussi un éclairage différent sur le phénomène. Elle s’inspire de mythes, de contes de fées qui ot profondément marqué notre perception de la femme. «C’est un hasard fantastique, rapporte Linda Bouchard. Le NEM avait une commande avec Marcelle Deschênes et comme nous voulions absolument de la musique électro, Lorraine Vaillancourt m’a proposé son nom. Quand je suis allée la voir, j’ai su qu’elle avait déjà travaillé, il y a plusieurs années, sur un projet de défilé. Elle avait un tiroir plein de documents et déjà des idées pour la musique.»
Les deux musiciennes ont constaté que leurs oeuvres avaient des points de rencontre qui permettaient un «assemblage» intéressant pour le défilé. Débordante d’enthousiasme, la conceptrice de l’événement se dit subjuguée par les heureux hasards ayant jalonné l’élaboration de Musique Défilé. «D’autre part, confie-t-elle, j’ai eu un plaisir fou à écrire cette musique! J’aime composer quand il y a un aspect théâtral, ça m’inspire énormément. Je trouve ça très libérateur.»
Cet événement inusité, qui nous mettra en contact avec plusieurs visions de la mode, sera animé par un maître de cérémonie silencieux, le danseur Wilson Blakley. Trente-quatre mannequins, amateurs et en début de carrière, porteront trente vêtements conçus et confectionnés par les élèves en design de l’École internationale de mode du Collège LaSalle. Dix de ces vêtements, choisis par voie de concours parmi cent cinquante dessins, ont été créés spécialement pour l’événement. Phénomène plutôt rare, ils ont été inspirés directement par la musique de Linda Bouchard et Marcelle Deschênes.
D’autre part, six modèles professionnels présenteront trente-cinq vêtements de la collection printemps 2000 de Marie Saint-Pierre et Philippe Dubuc. En fin de soirée, l’animateur Gaston L’Heureux remettra un prix à trois des dix jeunes designers ayant participé au concours. Lorraine Vaillancourt assume la direction musicale du NEM; les éclairages sont signés Axel Morgenthaler; la conception sonore, Edward Freedman, et la directrice de production est Francine Potvin._

Jeudi 17 février, 20 h
Au Medley, 1170, rue Saint-Denis
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