WD-40 : Country centre-ville
Musique

WD-40 : Country centre-ville

Les pieds dans le ciment, la tête perdue au bout d’une route perdue et l’esprit à la fête, WD-40 réconcilie la ville et la campagne avec ses chansons crues et énergiques. La cow-girl urbaine MARA TREMBLAY n’aurait pu trouver mieux pour ouvrir son spectacle de samedi au Kashmir.

Quiconque a mis l’oreille sur le dernier disque du groupe, Aux frontières de l’asphalte, a pu constater que WD-40 est à la croisée des chemins. Le groupe a toujours la même fougue et la même envie de provoquer les cerveaux trop pleins de pensées trop propres, mais l’esprit tordu d’Alex Jones est parfois traversé d’interrogations plus intimes et plus profondes qu’auparavant.

WD-40 ne se demande pas ce qui se trouve au bout de la route, là où le bitume et le béton ne sont plus que de mauvais souvenirs; il le sait. Depuis cinq ans, il décrit et raconte cet espace de délire et de liberté totale qu’il nomme l’Interzone – d’après Burroughs et Cronenberg, bien sûr. Cette fois, il s’interroge sur lui, sur les limites du personnage qu’il s’est construit en bramant des textes joyeusement vulgaires sur fond de country-punk. «Est-ce qu’on doit devenir plus sérieux ou continuer dans la même veine? Est-ce que je deviens une caricature de moi-même?» se demande-t-il.

L’une des raisons qui motivent cette remise en question, c’est la désillusion totale du groupe vis-à-vis de la radio commerciale. «Quand tu fais des efforts pour faire quelque chose d’original, ça ne passe pas à la radio commerciale. Il faut que ce soit humoristique, que ce soit épais. On a réussi à avoir une toune qui passe à CKOI. C’était Call Me de Blondie, qu’on a refaite de façon intégrale. Je l’ai traduite mot à mot – ça s’appelle Page-moi – et on a joué par-dessus le disque parce qu’on ne savait pas la toune. C’est une farce monumentale! s’exclame-t-il. Et ça a joué à CKOI…»

Malgré les questions et les tourments, rassurez-vous, Alex Jones ne semble pas sur le point de rentrer dans le rang. Il ne veut pas changer son écriture pour plaire aux programmateurs des stations de radio. «J’aurais de la misère à écrire autrement», avoue-t-il candidement. Il cherche seulement une façon d’éviter que son propos et ses chansons ne soient pris comme une grosse joke sans fond. «Je suis sérieux dans ma démarche innocente, mais je ne me prends pas au sérieux», nuance-t-il. Pour lui, c’est la seule manière de faire un pied de nez à une société trop pleine de pensées trop propres.

«La semaine dernière, on a joué dans un cégep avec Mara Tremblay. Je me suis rendu compte que les cégeps, comme tout le reste, deviennent de plus en plus aseptisés. Quand j’y allais, ça buvait de la bière, ça fumait des battes; aujourd’hui, le gardien de sécurité menace d’annuler le show si un musicien fume un joint dans la loge… Tout est devenu excessivement straight, s’insurge-t-il. Tout est devenu propre, sain, le monde a peur!»

Mara Tremblay
Ce week-end, WD-40 se produira en première partie de Mara Tremblay. Au-delà de leur passion commune pour le country, ces musiciens se vouent un respect mutuel. Alex Jones dit d’ailleurs avoir beaucoup d’admiration pour la chanteuse et sa démarche. «Mara, c’est une fille fantastique et très mystérieuse. J’aime beaucoup son dernier album. La Chanson perdue, pour moi, c’est un chef-d’oeuvre, insiste-t-il. Elle se met à nu dans ses chansons et c’est intense.»

«Ça se pourrait que je chante une chanson avec elle à Québec, une de ses tounes, précise Alex Jones. Il faut que je la pratique. Ce serait intéressant de faire un duo avec Mara, mais il n’y a rien de concret à ce sujet-là. On verra bien…»

Le 19 février
Au Kashmir
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