Blue Rodeo : De beaux lendemains
Musique

Blue Rodeo : De beaux lendemains

Lors de la parution de l’album live Just Like a Vacation l’an dernier, Blue Rodeo a senti que quelque chose venait de se terminer. Avec The Days in Between, retour à une écriture plus concise et à cet état de grâce qui a fait le succès du groupe canadien.

Alors qu’ils viennent à peine de faire paraître leur huitième album studio, The Days in Between, les membres de Blue Rodeo en sont déjà rendus à mi-chemin d’une nouvelle tournée les conduisant d’un bout à l’autre du pays. Après un passage obligé à Montréal le mois dernier, le groupe de Jim Cuddy et Greg Keeler prendra la peine de s’arrêter au très intime Liquor Store de Sainte-Foy. À sa sortie, l’album a soulevé une bonne part de commentaires très positifs, confirmant que le duo se remettait sur la bonne voie après les coups moins assurés de Nowhere to Here (1995) et de Tremolo (1997).

Enregistré au studio Kingsway, qui avait déjà eu en ses murs Peter Gabriel, Luscious Jackson et Neil Young, l’album folk rock teinté de country ne détonne pas vraiment de ce que l’on connaissait du groupe. Mais ce passage dans le temple musical louisianais de Daniel Lanois a donné à The Days in Between un son d’une belle et grande profondeur ainsi que d’une richesse enviable. Comment les musiciens ont-ils abordé le problème du passage à la scène de ces chansons aux textures musicales si évidentes et vivantes? «Lorsque nous jouons en concert, il s’agit de quelque chose de différent, affirme Greg Keeler lors d’une entrevue téléphonique. Nous ne nous préoccupons que du show et nous ne tentons pas de recréer tout ça.»

Il faut pourtant préciser que le groupe s’est taillé une belle réputation en spectacle depuis 15 ans, tout en réussissant à s’imposer autant sur disque. Une dichotomie qui s’impose d’elle-même selon Keeler. «Je suis content de pouvoir vivre ces deux facettes. C’est toujours excitant de se retrouver impliqué dans l’intensité de l’enregistrement d’un album et du même coup de s’améliorer en tant que guitariste et chanteur, ainsi que de pouvoir échanger avec d’autres musiciens. De l’autre côté, il y a cette décharge d’énergie découlant du fait de jouer sur une scène. Je ne pourrais me passer ni de l’un ni de l’autre.»

Une dualité complémentaire qui n’est pas sans rappeler la paire jour/nuit que Keeler forme avec Cuddy. Depuis leurs débuts, on a insisté à satiété sur la face sombre du groupe représentée par Keeler, comparativement au côté lumineux des chansons de son complice. On devrait se surprendre que deux personnalités aussi différentes aient tenu le coup si longtemps. «C’est à la fois un mélange très créatif et une relation artistique complexe. La musique fait partie intégrante de notre amitié, qui remonte à 1972. Et je pense que les différents états d’esprit que nous apportons chacun au groupe donnent, sans aucun doute, une intéressante combinaison de deux visions qui font de Blue Rodeo ce qu’il est.»

S’il y a un terme qui revient souvent dans la conversation avec Greg Keeler, c’est bien le mot «intensité». Le chanteur et guitariste l’utilise surtout pour décrire ce qui garde en eux la passion de se produire soir après soir, sans artifice, même dans les coins les plus perdus. «Les petits bars sont souvent les meilleurs endroits pour jouer. Le public est toujours fantastique, tout le monde est un peu saoûl et c’est peut-être la façon dont la musique devrait être jouée!»

The Days in Between
Blue Rodeo
(Warner)