Thierry Séchan : Frère de son
Musique

Thierry Séchan : Frère de son

THIERRY SÉCHAN n’y échappe pas: on peut difficilement écrire son nom sans faire mention de Renaud, son illustre frère, et, bien sûr, de ses pamphlets incendiaires, Nos amis les chanteurs, où un grand nombre d’artistes français ont été gentiment passés dans le tordeur.

Pourtant, plusieurs autres facettes de la vie de Séchan méritent d’être soulignées, ne serait-ce que ses multiples ouvrages littéraires, ses chansons, mises en voix par des artistes français ou québécois, et, bien sûr, sa propre carrière de chanteur, qui, bien que timide, fait son petit bout de chemin. «Je ne me considère pas comme un grand interprète; je suis plus un diseur qu’un chanteur, mais il y a des textes que je ne veux ni proposer, ni donner à personne parce qu’ils sont totalement personnels. Alors j’ai pris le risque, car c’est un risque, de défendre ces chansons», explique-t-il.

Son nouvel album, Tu seras comme le ciel, entièrement réalisé au Québec, est gage de son grand attachement à la Belle Province, et a été quelque peu instigué par Daniel Lavoie, qui désirait produire la chanson-titre. «Le reste a suivi, raconte Séchan. Je me suis dit: "Pourquoi faire cet album à Paris alors que je me sens très bien au Québec et que les musiciens sont excellents?"»

Sous le chapeau de chanteur, Thierry Séchan n’a rien du pamphlétaire féroce. Il range sa plume assassine pour en utiliser une autre, encrée de tendresse, qui donne naissance à une contemplation doucereuse, rêveuse, notamment envers l’enfance. Visiblement, l’innocence enfantine suscite chez lui des émotions aux antipodes de celles que lui a générées le monde des adultes: «On peut lire ça comme ça, concède-t-il. C’est vrai que le monde des adultes, je ne le trouve pas très beau. J’ai une vision comme ça, je ne dirais pas angélique ou céleste de l’humanité, mais je suis incapable de chanter des choses cruelles comme je peux les écrire dans le cadre de pamphlets, par exemple.»

Tu seras comme le ciel est un album très personnel. On retrouve toutes les influences littéraires qui ont jalonné la vie de Séchan, de Shakespeare à Cohen, à témoin la très belle Royaume du Danemark, comme on retrouve des pièces qui font office de miroir, des occasions pour l’artiste de se livrer à une autoanalyse, où il en vient notamment au constat: Je suis un homme étrange. «Oui, je suis un individu étrange, avoue-t-il humblement. C’est un peu banal, en fait, mi-ange, mi-démon, et avec une certaine prétention dans ma formulation, car je veux croire que je suis plus ange que démon, mais c’est vrai que cette chanson, c’est moi.»

Tu seras comme le ciel
Thierry Séchan
(Mosaïque)