J. Gaines & The Soul Attorneys : Métier d’or

Il y a eu beaucoup de remue-ménage chez les Soul Attorneys depuis quatre ans. Ils ont fait de bons coups, mais subi quelques revers de fortune aussi. Propulsé par son hit So They Say, véritable hymne pop de l’été 1996, le groupe, fondé à Québec, est vite devenu la coqueluche de l’heure. Invité à ouvrir pour Céline Dion aux États-Unis, le trio a même décroché un disque d’or. Exploit inégalé pour un album réalisé dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste…
En pleine ascension, Soul Attorneys est rattrapé par la réalité: le claviériste Éric Filto apprend qu’il a une tumeur importante derrière un oeil. Après une longue convalescence, il choisit de se consacrer à un boulot de studio. «C’est important de préciser qu’Éric a vraiment quitté parce qu’il voulait réaliser des disques, insiste Jacques Gaines. Ce fut une grosse perte», avoue-t-il du même souffle.
Filto parti, Gaines se retrouve avec une immense responsabilité: écrire la suite des choses. Et puisque le guitariste Mathieu Dandurand n’agit que comme directeur musical lors des concerts, le chanteur ne peut compter que sur lui-même. La pression est inouïe. «Le deuxième album doit absolument être meilleur que le précédent. Quand tu es avec une compagnie qui a beaucoup de succès, tu ne peux pas échouer», affirme Gaines.
Le processus menant à Another Day fut long et douloureux. Peu convaincu par les maquettes des nouvelles chansons, le directeur artistique de Sony au Canada renvoie Gaines à sa table de travail. Il lui conseille de rendre visite à Aldo Nova, un champion de la pop accrocheuse. «On s’est assis l’un devant l’autre et on a commencé à jouer, raconte Gaines. La première journée, on a fait Better Man, le premier extrait de l’album. Avec lui, ça roule!»
Entre les deux musiciens, la chimie opère. Léger, propre comme un sous neuf, Another Day est tout de même un peu plus rock que son prédécesseur. Rien pour décoiffer, juste un soupçon d’énergie pour soulever la voix toujours veloutée de Gaines. «Ce que j’essaiede dire dans mes chansons, c’est qu’il faut aller voir en nous-mêmes et y trouver ce qu’il y a de positif. Je pense que c’est le thème de cet album-là», expose Gaines.
De la chanson-titre à la version originale de So They Say, en passant par L.O.V.E. Love et Love Comes Around, l’album compte plusieurs bijoux taillés sur mesure pour la radio commerciale. «J’aime ça, faire des tounes radiophoniques, lance Gaines. D’un côté, il y a l’art de faire quelque chose qui sort de la norme et de l’autre, le métier. T’as beau écrire une chanson incroyable, si elle ne passe pas à la radio, tu ne pourras la jouer que devant tes amis. Une chanson radiophonique, c’est une bonne chanson, ce n’est pas facile de faire quelque chose d’accrocheur et je pense qu’il faut respecter ce métier.»

Another Day
J.Gaines & The Soul Attorneys(Epic/Sony)