Chloé Sainte-Marie : Épreuves à l'appui
Musique

Chloé Sainte-Marie : Épreuves à l’appui

Exit les photos racoleuses, tout comme la musique in et les costumes provocants; Chloé Sainte-Marie emprunte un nouveau chemin musical où elle s’efface derrière une poésie et une musique qu’elle veut intemporelles.

On pourra peut-être faire maints reproches à Chloé Sainte-Marie, mais certainement pas celui de manquer de persévérance. Son entrée dans le petit monde cinématographique québécois aura été parsemée d’embûches, mais elle est parvenue à s’y tailler une place à force d’efforts. Elle s’apprête maintenant à faire de même du côté de la chanson: insatisfaite de L’Emploi de mon temps, un album qui a essuyé les reproches de la critique en 1993, elle revient au front avec Je pleure tu pleures, quinze titres particulièrement solides, qui ont déjà confondu plusieurs sceptiques. «J’ai compris l’importance de faire quelque chose que l’on aime et uniquement cela, on ne peut pas faire de concession, explique la chanteuse. Je n’avais jamais pensé que l’acte de création devait être aussi égoïste, mais s’il ne l’est pas, l’oeuvre devient bâtarde.»
Je pleure tu pleures est né dans le sillage des insatisfactions générées par son prédécesseur. Aussi y trouve-t-on deux chansons innues, jadis laissées pour compte, ainsi qu’une nouvelle direction musicale qui sied davantage à la chanteuse: un country acoustique teintée de chanson française et amérindienne, écho à cette musique qui a bercé son enfance à Saint-Eugène alors que ses tympans vibraient aux airs des Willy Lamothe, Marcel Martel et autres Soldat Lebrun. Mais d’abord et avant tout, Chloé Sainte-Marie désirait faire un album où la poésie serait au premier plan. Elle a donc colligé les meilleurs textes qui lui tombaient sous la main, se baignant notamment dans les encriers de Gilles Carle et de Denise Boucher. Le premier lui a écrit des textes réussis comme To be or not to be la vie, cet aussi beau que douloureux constat de l’évolution de la langue française, la seconde lui a fourni des textes fort sensibles, voire introspectifs. Mise en demeure, que la chanteuse s’est contentée de narrer sans le moindre accompagnement en est certes le meilleur exemple, il tire le rideau sur l’album en faisant le bilan d’une vie qui pourrait être a sienne. Par ailleurs, Chloé désirait à tout prix chanter la poésie de Gaston Miron. Après avoir épluché l’oeuvre du poète de long en large, elle a judicieusement arrêté son choix sur Je t’écris pour te dire que je t’aime, un poème déchirant, d’une redoutable efficacité.
Maintenant qu’elle a réuni des textes qui la remuaient jusqu’au tréfonds d’elle-même, qu’elle a trouvé des musiques qui la faisaient vibrer tout autant, ainsi qu’une formidable équipe de collaborateurs, dont l’excellent guitariste, arrangeur et réalisateur Réjean Bouchard, qui a donné vie à l’ensemble, Chloé Sainte-Marie se sent prête à défendre son album sur scène. Là encore, la chanteuse et comédienne a tout mis en oeuvre pour que ce premier spectacle solo soit une réussite: elle a fait appel aux talents de Paul Buissonneau afin de veiller à son bon déroulement.
Si on sait déjà qu’elle sera accompagnée de cinq musiciens, que, outre ses chansons, elle récitera des poèmes, il n’est pas question de lui tirer les vers du nez à savoir quel aura été l’impact de la collaboration du coloré metteur en scène: «Ce sont les secrets de Paul Buissonneau, si je les révèle il va me gronder et Dieu sait qu’il est méchant quand il le veut!»

Les 5, 7 et 8 avril
Au Théâtre Théâtre d’Aujourd’hui
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