D.J. Ram : Style libre
Musique

D.J. Ram : Style libre

Vive la musique libre! C’est le credo de D.J. RAM, une des têtes d’affiche les plus en vue de la scène électronique montréalaise qui prêche pour la fin des appellations et des étiquettes qui étouffent la musique. Il s’en vient le prouver à Québec avec ses tables tournantes.

«Je n’ai jamais compris pourquoi on catégorisait la musique. Pour moi, il n’y a pas de baroque, de trip-hop, de drum’n’bass, de jazz, il n’y a que des ambiances, des atmosphères que l’on peut faire et défaire à volonté.» Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans le vaste monde la musique dominée par les étiquettages en tout genre, le discours de Ramachandra Borcar, alias D.J. Ram, détonne. «À chaque fois que je vais dans un grand magasin de disques pour chercher, je trouve toujours plein de disques drôlement classés. J’ai tendance à m’y perdre!»

Un rapide survol du parcours de cette nouvelle tête d’affiche de la bouillonnante scène électronique montréalaise (aux côtés notamment de David Kristian et de Kid Koala) permet cependant de mieux comprendre ce qui fait courir cet amateur par excellence de la diversité, dans la musique comme ailleurs. Né à Saint-Léonard d’un père indien et d’une mère danoise, D.J. Ram n’a pas vraiment le profil d’un musicien traditionnel. Diplômé de l’université McGill en composition de musique contemporaine et électro-acoustique, qui aurait pu prédire que cet ancien batteur du groupe hardcore-expérimental Hazy Azure jouerait par la suite aux côtés de noms tels que Howie B, Asian Dub Foundation, Björk, The Herbaliser et The Chemical Brothers? «Ce qui m’intéresse dans la musique, ce n’est pas de répéter tout le temps les mêmes modèles, les mêmes sons. Ce que j’aime, c’est de tenter de mettre ensemble des instruments, des ambiances, des styles qui redonnent une nouveauté à la musique.» Le D.J. admet d’ailleurs que ses études universitaires lui ont permis de pousser plus à fond cette recherche de nouvelles sonorités, de nouveaux arrangements. «Ce qui est bien avec ce que j’ai appris à l’université, c’est que j’ai pu découvrir les approches de nombreux compositeurs qui ont beaucoup travaillé sur le son et l’orchestration, comme Pierre Henry et Karlheinz Stockhausen.» Malgré tout, D.J. Ram n’en demeure pas moins critique face à ce qu’il considère comme une fermeture de certains milieux qui se disent d’avant-garde. «Dans le monde de la musique contemporaine, on n’aime pas tellement ce qu’on appelle le techno. Dans un de mes cours de composition à McGill, j’avais amené une pièce de The Orb. Mettons que ça a fait réagir pas mal de monde, même parmi des étudiants, qui se demandaient si c’était approprié.» L’éclectisme ne fait cependant pas peur à ce citoyen du monde musical, qui puise son inspiration autant dans la musique concrète que dans le surf rock et les bandes sonores de films érotiques des années 70. Un mélange pour le moinsexplosif que l’on retrouve remixé avec plaisir sur son premier album, The East Infection, qu’il a lancé l’automne dernier sous le pseudonyme de Ramasutra. «Je n’ai pas pris le nom de D.J. Ram pour cet album parce que je n’ai pas pris la même direction que lorsque je spinne dans les clubs. Ramasutra, c’est avant tout un projet, il n’y a que de vrais musiciens sur l’album. Il n’y a pas d’échantillonnages.»

Le D.J. tient d’ailleurs à avertir ses ouailles que ce n’est pas vraiment dans cet état d’esprit orientalisant-rétro, sorte de mélange entre Talvin Singh, Air et Alpha, qu’il faudra l’écouter lors de son passage à Québec. «Les gens qui ont aimé The East Infection n’aimeront peut-être pas mon set. Mais c’est dans ma nature de toujours essayer des nouvelles choses. De toute façon, je vais faire un show de D.J., pas un show de Ramasutra. Et je ne peux pas dire ce que je vais faire, je n’ai pas encore choisi mes disques.» Les amateurs de Ramasutra devront donc prendre leur mal en patience et attendre la venue du groupe-projet à Québec l’été prochain. En attendant, c’est avec son costume de D.J. que Ramachandra Borcar viendra mettre en musique son insatiable, et contagieux, goût pour l’aventure. «Tout va dépendre de l’ambiance, dit-il. Tout peut arriver.»

Le 8 avril
Au Kashmir
Voir calendrier Rock & Pop