Djelem : Embarquement immédiat
Musique

Djelem : Embarquement immédiat

Tzigane, bohémienne, manouche, gitane, romanichelle; de Roumanie-Moldavie-Arménie-Ukraine. Vous le savez peut-être, c’est cette culture qui est évoquée dans la musique du quatuor néo-québécois Djelem depuis trois albums, dans une musique où les codes ancestraux ne sont pas pillés, trahis ou dénaturés, mais caressés, rêvés, fantasmés.

Quelle que soit la réactualisation à laquelle on songe, la verve mélodique et l’expressivité de la musique tzigane demeurent intemporelles. On dit tzigane, mais on pourrait aussi utiliser l’un de ses nombreux synonymes: bohémienne, manouche, gitane, romanichelle; et géographiquement, on se situe dans l’axe Roumanie-Moldavie-Arménie-Ukraine. Vous le savez peut-être, c’est cette culture qui est évoquée dans la musique du quatuor néo-québécois Djelem depuis trois albums, dans une musique où les codes ancestraux ne sont pas pillés, trahis ou dénaturés, mais caressés, rêvés, fantasmés.
Tiraillé entre les exigences des fans – qui préfèrent la mouture traditionnelle du premier album – et le besoin de présenter son nouveau visage au public, celui plus «world» du troisième album Transit, le groupe se paie deux spectacles, question de satisfaire tout le monde.
Lorsqu’on vous parle de nouveau visage, c’est aussi au sens littéral: vous voyez le gros moustachu sur la photo? Il n’est plus dans le groupe. «Un départ tout à fait amical», explique Claude Simard, le percussionniste, bassiste et réalisateur du groupe, en parlant d’Anatoli Iakovenko, qui fait désormais carrière à Toronto. «On n’a pas eu le temps de faire une autre photo», ajoute-t-il, un peu gêné, mais sans trop s’en formaliser.
Sergei Trofanov, qui lançait en navigateur solitaire Gypsy Passion l’année dernière, est toujours le catalyseur de Djelem, maître de son violon en plus de chanter, une initiative toute fraîche dans son cas. Le guitariste bulgare Dontcho Ivanov et le flûtiste de pan moldave Nikolaï Makar sont les nouveaux venus, mais le plus grand changement est certes l’espace laissé vacant par le départ d’Iakovenko et qu’occupe désormais la chanteuse Sonya Sanscartier. «Il y a eu une transition avec l’addition de Sonya. On s’est mis à composer davantage au lieu de toujours jouer les chansons traditionnelles du premier album comme Les Yeux noirs, des chansons qui datent d’au moins cent ans.» «Lorsqu’une ransition s’opère, poursuit-il (on retrouvait sur Souvenirs le Bozo de Félix et Pour une dernière fois de Gerry Boulet), il y en a toujours qui sont déçus, d’autres qui ne savent plus cerner notre identité. Il fallait donc assumer notre virage et respecter cette continuité avec Transit, notre disque le plus récent.»
«Ces deux spectacles bien différents que nous préparons sont un projet que je voulais réaliser depuis longtemps. C’est assez curieux, analyse-t-il, parce que le premier disque est encore celui qui se vend le plus au Québec, tandis qu’en Turquie, par exemple, ils n’en veulent pas, prétextant qu’il s’agit de vieilles chansons mille fois entendues. Ce qu’ils veulent entendre, ce sont nos compositions. C’est notre côté plus >world÷>.»
Vous aimez les surprises? Que dire de la présence le deuxième soir de l’acteur-boxeur Deano Clavet (comédien dans les vidéoclips du groupe), irréductible fan de Djelem qui chantera deux chansons, Montréal-Québec et Laïla? «Lorsqu’il s’entraîne dans son gymnase de boxe, raconte Simard, il n’écoute pas le thème de Rocky, il fait plutôt jouer nos albums à tue-tête! J’ai entendu ses versions au téléphone et il s’en tire super bien, j’ai hâte aux répétitions!»
Si l’on tient compte du parti pris initial choisi par Djelem, on peut dire que la gageure est jusqu’ici réussie. S’affranchissant de la nostalgie qui l’animait à ses débuts, le groupe a débouché sur une musique au spectre infiniment plus riche. En recollant les morceaux d’une identité éclatée tout en envoyant allègrement valser les étiquettes. «On va toujours rester d’inspiration tzigane, mais sur le plan international, notre avenir passe par la musique du monde», affirme Simard.y

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