Jean-François Fortier : Le discret
Musique

Jean-François Fortier : Le discret

Après avoir passé quelques années au sein du groupe rock Les Moutons Noirs, Jean-François Fortier s’est lancé dans l’aventure solo avec un bonheur évident, accouchant d’un premier disque comme on en entend rarement chez nous: mélodieux, joliment arrangé, sophistiqué… En un mot, un album pop, au sens le plus noble du terme, il va sans dire.

Jean-François Fortier

est un homme discret. Timide, même. Si vous ne connaissez de lui que la photo qui orne la pochette de son disque, vous ne le reconnaîtrez probablement pas dans la rue, derrière ses petites lunettes. «C’est vraiment bizarre: personne ne me reconnaît sur la pochette, acquiesce-t-il d’emblée. Pourtant, on n’a rien retouché et il n’y avait pas d’angle particulier. Je ne sais pas comment l’expliquer: c’est vraiment une drôle de photo…»

Nonobstant l’écart évident entre le Jean-François de la pochette et celui qui se trouve devant moi, ce dernier jure que le contenu du disque, lui, est vraiment à son image. Après avoir passé quelques années au sein du groupe rock Les Moutons Noirs, Fortier s’est lancé dans l’aventure solo avec un bonheur évident, accouchant d’un premier disque comme on en entend rarement chez nous: mélodieux, joliment arrangé, sophistiqué… En un mot, un album pop, au sens le plus noble du terme, il va sans dire. «À l’époque, jouer dans les Moutons Noirs, c’était vraiment une histoire de compromis, explique-t-il. J’ai toujours eu un penchant pop alors que les autres membres du groupe étaient plus heavy. Lorsque le groupe s’est séparé, j’ai immédiatement enregistré une cassette démo et j’ai tout de suite senti la différence. La première chose que j’ai faite, ç’a été de mettre du piano, alors que le groupe avait toujours favorisé un format guitare-basse-batterie. En fait, j’avais l’impression de sortir du garage pour tomber dans la ouate!»

Libre comme l’air, bénéficiant de l’appui d’une compagnie de disques, Fortier s’en est donné à coeur joie en studio. Cuivres, Fender Rhodes, Mellotron; tout ce qui lui semblait bon était aussitôt incorporé au mélange. Mais si le processus de création musicale semble avoir été vécu comme une période d’exaltation et de contentement, on pourrait presque croire que l’homme a enfanté ses textes dans la douleur. En mettant bout à bout les douze pièces qui composent ce premier compact, le thème de la rupture amoureuseapparaît avec une clarté évidente. «Je dis souvent que le gouvernement m’a subventionné pour suivre une thérapie», lance-t-il en faisaint référence aux inévitables subventions nécessaires à la réalisation d’un disque. «J’ose croire que les gens ont besoin d’entendre la thérapie des autres, mais je suis toujours surpris de voir qu’ils arrivent à déceler précisément des trucs très personnels. Je ne pensais pas que j’étais si limpide que ça!»

Alors qu’on lui prédisait de grandes choses, Fortier s’est fait plutôt discret depuis la parution de son disque, l’an dernier. Bien que la véritable rentrée pourrait n’avoir lieu qu’à l’automne, il donnera enfin cette semaine son premier véritable concert montréalais, après avoir joué en première partie de Marc Déry lors de quelques spectacles en province. «Durant les premiers mois qui ont suivi l’album, j’ai vécu une sorte de blues post-partum, explique Jean-François. J’étais vraiment léthargique; j’ai passé une couple de mois à rester en robe de chambre et à surfer sur Internet. Mais ça a du bon: ça m’aura au moins permis d’apprendre à cuisiner. Heureusement, maintenant, je suis sorti de ce mood-là, et tout ce que j’ai envie de faire, c’est de monter sur scène.» y

Le 21 avril
Au Petit Campus

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