Les Cowboys Fringants : Western spaghetti
Musique

Les Cowboys Fringants : Western spaghetti

Formation trash-country-folklo hautement festive, Les Cowboys Fringants défendent une noble cause, celle du plaisir pur et simple. Et ils pourraient bien vous y rallier sous  peu.

Ce groupe originaire de la région de Lanaudière est devenu un véritable phénomène dans le petit monde de la scène indépendante. Et si l’on se fie à la vitesse exponentielle à laquelle ils recrutent de nouveaux fans, il y a fort à parier que ces cow-boys sympathiques sauront attirer l’attention d’un public encore plus large d’ici peu.
Pour bien comprendre l’univers des Cowboys Fringants, on peut évidemment tendre l’oreille à leur disque Motel Capri (sur étiquette Empire Kerozen), ou à leur précédent CD, Sur mon canapé, qui s’est écoulé, malgré une distribution artisanale, à plus de 1 500 copies. On y trouve des chansons à saveur country et folklorique, avec une bonne dose d’énergie, d’humour et de mélodies irrésistibles. Rien de particulièrement original, mais d’une efficacité, d’une authenticité et d’une fraîcheur que trop peu de formations savent nous servir. Mais la meilleure façon de saisir l’engouement que suscite la formation, c’est en assistant à l’un de ses concerts. À quand remonte la dernière fois où vous avez vu un mosh pit et du body surfing lors d’un show country? Avez-vous déjà vu une foule entonner en choeur (et avec tout son coeur) des paroles aussi ridicules que «C’était deux oe_ufs tournés, sauciiiisses!»? Franchement, devant un concert des Cowboys Fringants, on ne peut que laisser sa grille d’analyse musicologique au vestiaire pour se laisser emporter par cette douce folie: celle des souvenirs de la banlieue, des personnages burlesques et des portraits cyniques de société. Devant Les Cowboys Fringants, on ne boude pas son plaisir.
Autour d’une table, les cinq jeunes membres du groupe (le chanteur Karl Tremblay, le guitariste J-F Pauzé, la violoniste, accordéoniste et mandoliniste Marie-Anick Lépine, le batteur Dominique Lebeau et le bassiste Jérôme Dupras) avouent candidement ne pas être d’excellents musiciens: «Aucun des cinq membres n’a vraiment de grandes bases musicales, lance Marie-Anick, qui est aux Cowboys Fringants ce qu’était Maa Tremblay pour Les Frères à ch’val. Ce qui fait qu’on n’est pas stoppés dans notre créativité parce qu’on n’a aucun modèle. Aucune théorie ne nous guide. Louis-Simon Hétu, qui a réalisé l’album, nous a dit que les arrangements d’une chanson comme M’a vivre avec toi ne venaient pas de quelqu’un qui connaît la théorie, mais plutôt de quelqu’un qui écoute beaucoup de musique.» – «Théoriquement, on est mauvais, avoue Dominique; mais tout ça mis ensemble, ça donne quelque chose qui se tient.» Marie-Anick ajoute: «On a un manque de professionnalisme évident, mais qui peut devenir intéressant, parce que quand c’est trop préparé, des fois, c’est trop clean. Pis nous, on veut que les gens se concentrent sur le fait d’avoir du fun.» – «Si tu veux un exemple, explique Karl, à nos débuts, j’étais reconnu pour me tromper souvent dans mes paroles, mais depuis un certain temps, je me suis amélioré. On a donné un show hier et je me suis trompé à un moment donné. Les gens ont réagi en jubilant! "Yé, y s’est trompé!" Ça faisait de moi quelqu’un de bien…»

Des mots qui cognent
Au-delà de l’aspect spontané et bordélique des performances, il reste qu’écrire des chansons qui vous restent dans la tête après une seule écoute (on a fait le test à la rédaction et, croyez-moi, ça fonctionne!), ça nécessite une bonne dose de talent. Et il semblerait qu’il faille surtout blâmer le guitariste J-F Pauzé, puisque c’est lui écrit les textes et la musique des trois quarts des morceaux. «J-F est capable de synthétiser des événements ou des souvenirs d’enfance pour les mettre en mots simples, mais brillants, que tout le monde peut comprendre», explique Marie-Anick. «Avant même que je sache jouer de la guitare, raconte J-F, j’avais souvent des mélodies dans la tête. Ça me venait naturellement. Et même si j’assume totalement notre côté humoristique, je ne voulais pas qu’on nous prenne seulement pour un groupe comique ou parodique à la Crampe en masse. J’aime ça aussi pouvoir dire des choses sérieuses, etdonner mon opinion sur certains sujets. J’ai beaucoup de respect pour un gars comme Richard Desjardins, qui a toujours joué sur les deux plans en même temps.»
En attendant de goûter au côté nutritif des Cowboys Fringants (avec des chansons comme Mon pays – un condensé cynique de l’histoire du Québec – ou Le Gars d’la compagnie, d’ailleurs inspirée par le documentaire L’Erreur boréale de Desjardins), vous aurez droit au côté givré avec Marcel Galarneau, premier extrait radio et vidéo. Ça va fredonner dans les chaumières!y

Le 22 avril
Au Bal du Lézard
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