Musique

La Maison des Jeunesses musicales du Canada : Une chambre à soi

La musique de chambre a enfin une salle qui lui est consacrée grâce à l’ouverture de la nouvelle Maison des Jeunesses musicales du Canada. Petite visite guidée.

Le 20 avril dernier, on inaugurait sur le Plateau-Mont-Royal, une nouvelle salle de concert. Dans la foulée du 50e anniversaire des Jeunesses musicales du Canada, les deux paliers de gouvernement avaient accordé des subventions afin de restaurer la Maison des JMC, située avenue du Mont-Royal, près de Saint-Denis. C’est à l’intérieur de cet édifice restauré que l’on trouve ce bijou de salle, unique à Montréal, conçue spécialement pour la musique de chambre.

Comme je n’avais pu assister à l’inauguration, on m’a fait visiter la maison dès le lendemain, vendredi saint. Jacques Boucher, le directeur actuel des JMC, se fait un plaisir de me promener à travers les nouveaux locaux de l’institution. Tout d’abord, dès l’entrée, on est frappé de voir la salle à travers une baie vitrée. Le vaisseau en bois doré – de l’érable -, prévu pour accueillir près de quatre-vingt-dix personnes, est superbe. Installé en creux dans l’édifice, on doit descendre un étage pour l’atteindre. On m’y amène et, heureux hasard, en cette fin d’après-midi pluvieuse, un pianiste se trouve justement sur les lieux, qui accepte de me faire entendre à la fois le Bösendorfer flambant neuf qui orne la salle, et l’acoustique du lieu, tout aussi neuve… Bien que les sièges définitifs ne soient pas encore arrivés, on a garni l’endroit de chaises recouvertes de tissu, ce qui permet de se faire une idée de la réverbération du son, dont Jacques Boucher se dit très fier. «Nous visions 1,5 secondes, et nous avons 1,8. Avec les chaises, ça fait 1,1», explique le directeur à propos du temps de réverbération, critère essentiel pour une salle de concert. À l’essai, celle-ci est à la fois très riche et très analytique. On est étonné par la combinaison de précision et de chaleur qui fait du lieu un endroit admirable pour goûter les plaisirs subtils de la musique de chambre.

À l’arrière, outre les loges, un studio d’enregistrement entièrement équipé a été installé, qui pourra accueillir des compagnies de disques ainsi que Radio-Canada. Àl’étage supérieur, on me fait visiter les deux studios aménagés – avec piano à queue!- afin de recevoir les artistes en tournée, que les JMC avaient jusqu’ici hébergés à l’hôtel. Les bureaux de l’organisation, eux aussi, sont totalement neufs. «En fait, explique le directeur, tout a été rasé à l’intérieur. En attendant, nous étions logés au-dessus de chez Champigny.» Musicothèque, salle de réunion, cuisine, locaux pour les bénévoles, fenêtre dans chacun des bureaux, rien n’a été laissé au hasard. Une fois la tournée des lieux terminée, Jacques Boucher évoque les projets qui vont inscrire la salle de concert dans le circuit montréalais. Plusieurs axes sont envisagés. En plus d’une saison maison des JMC, on louera ce petit bijou aux organismes qui voudront bien s’y produire. On pense également à une entente avec les consulats qui permettrait d’entendre des artistes venus de l’étranger. Des matinées scolaires seront présentées, et on a prévu pour l’automne un événement Bach, intitulé Bach vers le futur/Bach to school, où l’on pourra entendre des créations élaborées à partir du nom du Cantor.

Ce nouvel élément de la vie musicale montréalaise, en plus de donner un bain de jouvence aux locaux des JMC, motivera sans aucun doute les musiciens à présenter de nombreux concerts de musique de chambre, art qui n’avait pas encore de lieu pour s’épanouir pleinement dans la métropole.

«Musiques au présent»

à l’Orchestre symphonique de Québec: troisième édition
Le plus important festival de musique contemporaine au Québec présente sa troisième édition du 4 au 6 mai. «Musiques au présent», organisé par l’Orchestre symphonique de Québec sous la coordination artistique des compositeurs et chefs d’orchestre Walter Boudreau et Denys Bouliane, offre cette année quatre concerts. Le jeudi 4 mai, sous le titre de Géométries sentimentales, l’OSQ et les solistes invités Darren Lowe, Catherine Dallaire, Pemi Paull, Barbara Todd-Simard et Philippe Magnan interpréteront Over Time de John Rea, Rocking Mirror Daybreak de Toru Takemitsu, Débâcle de Denis Dion, Concertino Colorum de Diego Luzuriaga et Entre chien et loup de Denys Bouliane, sous la direction des deux coordonnateurs. Le lendemain, le festival accueillera l’Ensemble contemporain de Montréal sous la direction de Véronique Lacroix, pour un concert intitulé Unions libres, qui fait se rencontrer différentes disciplines artistiques à travers quatre créations. Les jeunes compositeurs québécois qui se sont prêtés au jeu sont André Ristic, avec Catalogue des bombes occidentales – en collaboration avec le sculpteur Serge Murphy -, Yannick Plamondon avec Post – en collaboration avec le cinéaste Philippe Gagnon -, Michael Oesterle avec Le Contrat social – en collaboration avec la peintre Christine Unger – et finalement Sean Ferguson avec Apocryphal Graffiti – en collaboration avec la chorégraphe Isabelle Van Grimde. Les solistes du concert seront le soprano André Dagenais, la mezzo-soprano Marie-Annick Béliveau, et le danseur Robert Meilleur. Le concert sera repris à Montréal le 16 mai, à la salle Pierre-Mercure.

L’erreur contre-attaque: c’est le titre du troisième concert de «Musiques au présent», présenté le vendredi 5 mai à 23 h. Et pour cause: le nom de l’ensemble qu’on pourra entendre ce soir-là est Errer de type 27… Sous la direction de Carol Lemieux, le groupe formé de musiciens de Québec jouera des oeuvres d’Alain Beauchesne, Patrick Saint-Denis et Alexis Le May. Le concert – qui justifie le «s» de Musiques -, se veut à la frontière de la musique contemporaine et de la pop, et d’un ton essentiellement ludique: «un hybride d’une saveur toute particulière», peut-on lire dans le programme. Le samedi 6, en clôture de l’événement, «Partir, c’est mourir un peu», un concert avec l’Orchestre symphonique de Québec sous la direction de Boudreau et Bouliane, avec la soprano Ingrid Schmithüsen. Au programme, M Is for Man, Music, Mozart, de Louis Andriessen, oeuvre écrite pour le film de Peter Greenaway soulignant le 200e anniversaire de la mort de Mozart; Dans les champs, il y a des bibittes, de Walter Boudreau, et Finale, de Mauricio Kagel, oeuvre iconoclaste incorporant les saltimbanques, le cirque, la bastringue et un solo de pompe à bicyclette, note irrévérencieuse et tonique qui va comme un gant aux deux compositeurs ayant concocté l’événement!

Pour tout renseignement, téléphonez au (418) 643-5598.