Musique

Techno-électro : L’émergence

Québec est-elle entrée dans l’ère électronica? Un bref examen de la situation oblige en effet à conclure qu’on ne s’est pas bousculé au portillon lorsque Handfull of Snowdrops a jeté la serviette, il y a presque 10 ans.

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Québec est-elle entrée dans l’ère électronica? Un bref examen de la situation oblige en effet à conclure qu’on ne s’est pas bousculé au portillon lorsque Handfull of Snowdrops a jeté la serviette, il y a presque 10 ans. Nicolas B. – D.J. émérite officiant aujourd’hui dans la nuit montréalaise – a bien lancé un mini-album house sur son étiquette Nouvelle cuisine, mais cet effort est demeuré sans lendemain. En oubliant Insurgent (aussi parti à Montréal), aucun groupe ou artiste d’ici n’a mis les machines au centre de ses créations musicales.
Toutefois, au coeur du Vieux-Québec, quelques compositeurs s’apprêtent à renverser la vapeur. Réunis sous la bannière Alterflow, ils tripotent leurs synthétiseurs, déconstruisent des sons et les imbriquent dans un châssis de rythmes plus ou moins lents, pour créer des musiques ambiantes parfois tentées par le plancher de danse. La timidité de cette scène électro-ambiante contraste énormément avec l’effervescence qui règne au sein de la scène rave de la capitale. À défaut de créer de nouvelles musiques, les fanas de house et de techno tous horizons comme les gens de Jubokxe ou de Utopic World mettent beaucoup d’énergie dans l’organisation et la diffusion de ces musiques dansantes.

Joueurs majeurs:
De toute évidence, il faudra tendre l’oreille vers les gens d’Alterflow. Parce qu’ils sont les premiers à oser se mouiller depuis longtemps et parce qu’ils le font avec intelligence et talent. Fondé il y a environ trois ans par Nar, le label rassemble aujourd’hui Univers 55, Arborisation Terminale, Arnaud Lazlaud, Herman S et Terminus B et compte déjà huit disques à son catalogue, dont Apéritif de luxe du duo Arnaud Lazlaud et la compilation Plastique audio.
Lancée le 26 avril dernier, cette compilation propose un condensé fort intéressant du travail de ces artistes qui se targuent – non sans raison – d’incarner «la relève électronique à Québec». Sachez que la plupart de ces compositeurs privilgient les ambiances et non le rythme. Pas de crescendos hallucinants, mais des mélodies attirantes, des textures et une manière qui rappellent parfois l’électro-pop et la new wave des années 1980. «Alterflow s’intéresse à l’histoire et non au dernier bulletin de nouvelles. On ne s’intéresse pas à la house dernier cri, mais on n’est pas rétrograde non plus», précise Jef L., qui apparaît sur la Plastique audio sous le pseudonyme Terminus B.
Ceux qui préfèrent s’oublier sur les pulsations envoûtantes de la house devraient quant à eux garder un oeil sur Jubokxe. Ce groupement s’est donné l’objectif de faire sortir la house des lieux où elle est traditionnellement confinée. Jubokxe a lancé ses activités le 15 avril dernier au Kashmir. Entre 300 et 400 personnes ont répondu à l’appel. «On a touché les gens qu’on visait», estime Vincent Fréchette, satisfait. Cette initiative inspirera peut-être des vocations chez les musiciens…

À surveiller:
– Plastique audio, compilation du collectif Alterflow, sortie le 26 avril.
– Les soirées house organisées par le collectif Jubokxe dans différents endroits.