Supergrass : Gazon maudit
Musique

Supergrass : Gazon maudit

Avec un nouveau disque sous le bras, le groupe anglais SUPERGRASS revient nous visiter. Même s’il semble faire du surplace musicalement, il ne perd pas pour autant son sens de  l’humour…

Après un départ canon avec deux albums fort bien reçus, le groupe anglais Supergrass a décidé de prendre un long repos de deux ans. Il est maintenant de retour avec un nouveau disque, simplement intitulé Supergrass, qui vient tout juste de sortir en Amérique du Nord. Si le groupe d’Oxford avait atteint une belle maturité avec In It for the Money, il semble faire du surplace avec ce troisième opus, toujours fortement inspiré par le rock des années soixante et soixante-dix. Une impression que réfute catégoriquement le batteur Danny Goffey, joint en France pendant leur tournée: «Cet album montre jusqu’où le groupe peut aller. On a essayé de nouveaux styles dans certaines chansons et je pense qu’il est très varié, au contraire.»
Danny Goffey n’a pas tout à fait tort puisque deux pièces, Faraway et Born Again, montrent un Supergrass plus expérimental. Mais la formation n’est pas du genre à se casser la tête. D’ailleurs, Danny ne sait même pas si le groupe veut continuer dans cette veine. Pour préparer leur nouvel album, les trois membres se sont enfermés en studio pendant trois mois et ils ont suivi l’inspiration du moment. C’est pour cette raison que Danny Goffey ne parle pas d’évolution entre le deuxième et le troisième disque, mais bien de continuité: «La majorité de nos chansons sont écrites rapidement, et nous avons encore travaillé de cette façon.»
Pourtant, la réception de leur album éponyme s’est avérée plutôt tiède en Angleterre, malgré les succès de Pumpin’ On Your Stereo et de Moving. Quand on le relance sur cette question, Danny Goffey se montre sceptique. Sans broncher, il soutient que l’accueil a été assez bon: «Pour notre part, on est satisfaits, parce qu’il a été certifié platine. Je ne pense pas que ce soit un album incroyable, mais il est bon et il contient des chansons solides.»
Pendant leurs quelques mois de repos, les trois gars n’ont pas chômé. Épuisés par une longue tournée de spectacles, ils avaient besoin de prendre du recul pour mieux se retrouver par la suite. Justeent, Danny, sa copine Pearl Lowe (anciennement de Powder) et deux membres de Delicatessen ont mis sur pied un projet musical qui se nomme Lodger. Une parenthèse dans la carrière du batteur qui a mené à l’enregistrement d’un album, A Walk in the Park, lancé en 1998. «La compagnie de disques Island nous a offert de l’argent pour préparer quelque chose et nous l’avons fait. Les chansons de Lodger, écrites par Pearl, étaient plus cochonnes, plus sensuelles que celles de Supergrass», explique Danny Goffey en spécifiant que l’aventure est maintenant chose du passé.
Une chose est certaine: on ne peut pas reprocher à Supergrass de manquer d’humour. Le meilleur exemple: le clip de la chanson Mary, toujours inédit ici. Avec son hommage aux films d’horreur des années soixante-dix, comme Texas Chainsaw Massacre, Poltergeist ou The Exorcist, le troisième extrait de Supergrass a même été banni des ondes de MTV Europe. Selon Danny Goffey, ce vidéo, dont il a eu l’idée originale, n’était que de l’humour noir. «Même s’il y a du sang et du vomi, c’est ironique. Mais les gens sont tellement habitués à voir des choses aseptisées, comme les vidéos de Puff Daddy, qu’ils sont totalement traumatisés», peste-t-il.
Danny Goffey ne s’en cache pas, Supergrass aime bien surprendre avec des coups d’éclat. Pour eux, c’est un exutoire essentiel pour se sortir de l’«embarras causé par toute l’industrie du disque», comme le remarquait le batteur. Parmi les autres frasques du groupe, on retrouve cette fausse annonce de séparation faite en octobre par le chanteur Gaz Coombes pendant un spectacle à Londres. Ce dernier voulait refaire le coup qu’avait monté David Bowie en 1973; mais les gens de leur compagnie de disques ne l’ont pas trouvé drôle. Et que dire de cette version drum’n’bass de Sun Hits the Sky, tirée de leur deuxième album. «Gaz participait à une émission humoristique, Da Ali G Show, qui lui a proposé, pour s’amuser, d’essayer une nouvelle version de notre chanson. Il a trouvé ça intéressant et il a embarqué», lance l batteur. Surtout pas d’inquiétude: Supergrass ne songe pas à se recycler dans ce style musical.
Avant de travailler à un autre album, le groupe continue sa série de spectacles qu’il a entreprise l’été dernier. Pour immortaliser ce tour du monde, Mick Quinn, le bassiste, a commencé un journal de bord qui retrace en images et en textes les grandes étapes de la tournée. «On l’a fait parce que Mick a amené avec lui son ordinateur portable. C’est intéressant de montrer aux gens de l’information qui vient vraiment de nous.»

Le 7 mai
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