The Skatalites : En orbite
Musique

The Skatalites : En orbite

Depuis trente-six ans, les Skatalites récoltent les honneurs, éloges et accolades, tout ça grâce à une carrière qui a duré… quatorze mois!

Depuis trente-six ans, les Skatalites récoltent les honneurs, éloges et accolades, tout ça grâce à une carrière qui a duré… quatorze mois! En effet, la légendaire formation de onze musiciens a accompagné tous les grands chanteurs jamaïcains de l’époque – de Jackie Opel aux Wailers, en passant pas Alton Ellis et Millie Small – mais s’est surtout fait connaître en enregistrant des centaines de simples pour les trois plus grands labels de l’île, Treasure Isle, Studio One et Top Deck, de juin 1964 à août 1965. Alors qu’on ne parlait que de conquête spatiale, le batteur Lloyd Knibbs suggéra le nom The Satellites; le saxophoniste Tommy McCook répliqua aussitôt: «Nous jouons du ska, alors ce devrait être The Skatalites!»
Quatre membres originaux en font toujours partie: la section rythmique, composée de Knibbs à la batterie et de Lloyd Brevett à la contrebasse, la chanteuse Doreen Shaeffer, et le saxophoniste alto Lester Sterling. Joint au téléphone, ce dernier avoue candidement que les nouveaux membres du groupe «sont nécessairement tous des fanatiques de notre musique: la plupart des musiciens que nous avons auditionnés connaissaient le répertoire en entier! C’est un peu normal qu’on les ait inspiré, puisqu’on a lancé le mouvement ska…» Mais à cette période, la formation écumait les hôtels et clubs de Kingston et de la Côte-Nord de l’île sans objectif précis: «Malgré le fait qu’on ait eu de grands succès même à l’étranger, particulièrement au Royaume-Uni – Guns of Navarone, l’une de leurs plus célèbres compositions, est reconnue comme le simple le plus vendu de l’histoire du ska -, nous étions tous trop occupés à gagner notre vie de différentes manières en Jamaïque pour penser à s’en éloigner!» raconte Sterling. Les membres des Skatalites étant les session men les plus réputés et les plus en demande, ils travaillaient tous à droite et à gauche pour assurer leur subsistance. Moi, en plus des spectacles du groupe, je jouais des marches militaires les dimanhes après-midi dans les parcs de Kingston et, de plus, j’ai appris le métier d’imprimeur; c’est avec ça que je me suis débrouillé en arrivant aux États-Unis», avoue-t-il. Les membres fondateurs sont depuis tous relocalisés sur la Côte-Est américaine, et la formation reprend le temps perdu en enfilant tournée après tournée depuis sa reformation officielle au milieu des années quatre-vingt.
Difficile de parler à un architecte du son Studio One sans soulever le sujet de Coxsone Dodd, le «père» de la musique jamaïcaine moderne, et de la compétition féroce qu’il livrait à Duke Reid et à son étiquette, Treasure Isle. «Vraiment, la différence entre les deux producteurs majeurs de l’époque était que Coxsone était beaucoup plus jeune que Reid, plus éveillé musicalement, il s’impliquait plus personnellement dans le processus de réalisation et il avait le flair de détecter ce qui plairait au public», dit-il. Ce qui n’a pas empêché qu’à sa rupture, en août 65, après le bal de police à l’hôtel Runaway Bay, le groupe connut un schisme et qu’une de ses deux factions, menée par Tommy McCook, devint The Supersonics, le groupe d’accompagnement de Treasure Isle. Coxsone Dodd persuada Jackie Mitoo et Roland Alphonso de former en contrepartie The Soul Brothers, qui devint un peu plus tard The Soul Vendors. Alors, avis aux fanas de ska de toutes les vagues, et surtout à ceux qui n’auraient jamais vu The Skatalites en spectacle: saisissez l’occasion pendant qu’elle passe.

Avec Kaliroots et General Rudie
Le 21 mai
Au Medley

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