Faze Action : Cordes à danser
Musique

Faze Action : Cordes à danser

Dans la foulée du MEG, dont la mission avouée était de mettre l’accent sur l’aspect live de la musique électronique, le concert que donneront Groove Armada et Faze Action cette semaine risque de combler tous les amateurs de musique dance en quête d’une solution de remplacement aux omniprésents et interchangeables sets de D.J.

Dans la foulée du MEG, dont la mission avouée était de mettre l’accent sur l’aspect live de la musique électronique, le concert que donneront Groove Armada et Faze Action cette semaine risque de combler tous les amateurs de musique dance en quête d’une solution de remplacement aux omniprésents et interchangeables sets de D.J. Forts du succès d’I See You («Shaking that ass…»), l’imparable premier single de leur album Vertigo, les Anglais de Groove Armada débarqueront au Métropolis avec un ensemble de neuf (!) musiciens. En première partie, à peine plus modestes, leurs compatriotes de Faze Action chaufferont la salle. «On est seulement sept, mais je dirais que c’est assez respectable, non?» s’enquiert Robin Lee, l’un des deux piliers de la formation, dont le noyau est complété par son frère Simon.
Assisterait-on à une nouvelle tendance, qui annoncerait la fin du règne des D.J.? «Je pense en effet que la musique live fait un retour, et que les gens ont envie de voir quelque chose d’autre qu’un type qui joue des platines avec un DAT pour seul accompagnement, acquiesce Robin. Ceci dit, je n’ai rien contre les sets de D.J., bien au contraire! Tout dépend du contexte: dans un club, ça va; mais lorsque tu joues dans une grande salle de concert, les gens s’attendent à plus.»
À l’écoute de Moving Cities, deuxième album au titre urbanistique (le premier s’intitulait Plans & Designs), on se demande bien à quoi pourra ressembler la formation live de Faze Action. Non seulement le disque est-il rehaussé par la présence d’invités spéciaux (dont Zeke Manyika, qui vient pousser la chansonnette), mais il rassemble des influences disparates, qui donnent l’impression que l’Afrique et l’Amérique du Sud se sont donné rendez-vous dans le New York de la fin des années soixante-dix. «De quoi on a l’air? We look like a sorry bunch of motherfuckers!» s’exclame Robin avec un ricanement adolescent. «Tu veux parler de la composition du groupe? Eh bien, je joue de la basse et mon frère s’occupe de totes sortes de machines; ensuite, on a un saxophoniste, un trompettiste, un batteur, un claviériste, et un chanteur. On a aussi quelques petites boîtes magiques qui nous permettent de recréer l’effet des cordes qu’on entend sur le disque.»
Parlant de cordes, il s’agit certainement de l’élément le plus marquant de la musique de Faze Action. La pièce-titre de leur plus récent disque est tout entière construite autour d’une mélodie de violon soutenue par quelques pistes de violoncelle qui viennent se poser sur un beat disco endiablé. Musicien de formation classique, Robin signe tous les arrangements et remet aux musiciens de studio des partitions d’une précision plutôt rare dans le monde de la dance music. Car s’il fait appel aux machines lors des concerts, il était hors de question d’enregistrer des violons en boîte. «Je refuse systématiquement d’utiliser des samples. À la base, je suis violoncelliste, et pour moi, la chaleur qu’on peut tirer des vraies cordes est irremplaçable.»
La rigueur musicale de Robin et à l’éclatement stylistique de son D.J. de frère confèrent à Faze Action une originalité rafraîchissante: entre afro-funk et samba, gros disco et house, Moving Cities ne perd jamais le groove, ni le sourire. «On a des goûts très éclectiques: j’adorerais travailler avec Chaka Khan ou Steely Dan, qui sont deux de mes artistes préférés de tous les temps, explique Robin. J’ai été vraiment exposé à la musique pop sur le tard, vers la fin des années quatre-vingt, et il y avait une résurgence du rare groove, cette musique funky de la fin des années soixante-dix. Il faut aussi dire que ma mère était danseuse disco; peut-être que c’est ça qui a déteint sur nous…» Poser la question, c’est y répondre…

Le 16 juin
Au Métropolis
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