

Les Batinses : Passe-moi le celte
Tous les artistes invités au Festival celtique international de Montréal qui aura lieu à Verdun la semaine prochaine, vous le diront: on ne cherche pas à savoir si l’on est irlandais de la fesse gauche, on veut juste «avoir du fun». Avez-vous remarqué? Chaque fois qu’il est question de musique traditionnelle, c’est pour avoir du «pléésir». On se tire une bûche et on se fend la gueule.
Claude Côté
Tous les artistes invités au Festival celtique international de Montréal qui aura lieu à Verdun la semaine prochaine, vous le diront: on ne cherche pas à savoir si l’on est irlandais de la fesse gauche, on veut juste «avoir du fun». Avez-vous remarqué? Chaque fois qu’il est question de musique traditionnelle, c’est pour avoir du «pléésir». On se tire une bûche et on se fend la gueule. Comme le faisaient jadis Amédée Binet et Alphonse Morneau.
Vous en avez soupé de la musique traditionnelle? Celtique? Armez-vous de patience, il y a prolifération. Tout le monde veut être Yves «La Bottine» Lambert. Au journal, les disques arrivent de tous bords, tous côtés. Une Volée de Castors atterrit sur le bureau entre Deux Saisons. Si vous avez Perdu l’Nord et que vous vous embarquiez dans une Chasse-Galerie, vous faites peut-être un Rêve du diable après avoir mangé une Vesse du Loup…
Non mais, sans farce. Nos amis musiciens des Maritimes, eux, sont omniprésents dans ce festival. Ils vénèrent Riverdance et Leahy. Ils ont décuplé leur production; la musique celtique, c’est une industrie. Les Paddy et les Mac de ce monde ont la cote. Pour faire vraiment cool, on chante même en gaélique. On ne rit pas avec le folklore des bonnes gens.
«Nous, on n’est pas folklore, m’explique Todd Picard, du groupe de Québec Les Batinses, invité à Verdun. Notre base de travail, c’est la chanson traditionnelle québécoise. Ensuite, on usine ça et on la passe au rabot. Il y très peu d’éléments celtiques dans notre musique mais pour les besoins de ce festival, on va faire "fitter" ça. C’est comme Ashley McIsaac, s’interroge Picard, est-il vraiment celtique? Sa base de travail, c’est le Cap-Breton, mais…
La question qu’on se pose en ce moment, c’est: quelle est la limite de nos instruments? Comment la franchir, cette limite? Prends la cornemuse irlandaise, par exemple. On peut faire autre chose que de la musique irlandaise avec ça! On peut modifier sa sonorité et lui donner des ambiances auxquelles on n’est pas habitué.» I devait sûrement penser à l’Afro-Celt Sound System.
C’est un peu ce qu’on retrouve sur Tripotage, le nouveau disque des Batinses: une grande variété d’instruments jumelée à la grande polyvalence des musiciens. «Moi, à l’époque, me confie Picard, joueur de mandoline, de basse et de psaltérion, j’écoutais juste du gros trash hardcore, Voïvod, ces trucs-là. Mais en fait, j’adore la musique sacrée. François (Morrissette) est beaucoup plus musique du monde, jazz, etc. Mathieu (Girard) aime le vieux québécois, et il est un gros tripeux de Groovy Ardvaark. Fred (Lebrasseur) et Andrée (Bilodeau) sont tous les deux impliqués dans la musique actuelle, entre autres avec Interférences Sardine. Christophe (Garenc) a des goûts très irlandais mais il est surtout amateur de progressif, etc.»
Cette disparité dans la composition de tels groupes, on la constate de plus en plus. Et, signe des temps, on la retrouve aussi ailleurs, pas juste avec les groupes de Lanaudière. Sur le terrain de l’hôpital Douglas à Verdun, en plus des sympathiques gosseux Batinses, on pourra applaudir les frasques du violoniste trash Ashley McIsaac, qui n’en est pas à une controverse près, le chant gaélique de Mary Jane Lamond, les New-Yorkais irlandais de Solas, les progressifs Orealis, un certain J.P. Cormier, acadien sûrement; bref, la liste est longue. Un autre volet est prévu, celui des Contes et Légendes, et on n’a pas invité Michel Faubert. Qu’à cela ne tienne, il y aura beaucoup de Keith’s, le houblon favori des Celtes.
Les 17 et 18 juin
À Verdun
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