Musique

Busta Flex : Libre orbite

Véritable enfant prodige du rap français, BUSTA FLEX n’est pas le genre de gars dont on dit qu’il est un espoir. Il est tout simplement l’un des artistes hip-hop les plus créatifs de la scène française actuelle. Et l’un des plus indépendants.

C’est bien connu, depuis 50 ans, la radio dicte pour une bonne part les choix des consommateurs. Peu d’artistes peuvent se vanter de pouvoir ignorer ceux qui ont presque droit de vie ou de mort sur leur carrière. C’est ce luxe que Busta Flex s’est offert avec son dernier album Sexe, violence, rap et flooze, l’album coup de poing du rap français cette année. «Les médias n’aiment pas cette réalité, ça les rend mal à l’aise d’entendre des gros mots et des thèmes qui sont les nôtres, en banlieue.» Malgré le ton engagé et les rimes acides de Sexe, violence…, Busta dément catégoriquement qu’il ait délibérément voulu choquer en faisant cet album. «Ce n’est pas ma faute si c’est notre réalité, ça ne fait que mettre des mots dessus, je ne me sens pas mal par rapport à ça. Mais c’est quand même dommage, il y a au moins deux chansons sur le disque qui pourraient passer à la radio. Parce que l’album est sombre, même ces chansons n’ont pas eu leur chance. De toute façon, c’est pas grave, j’assume ce que je fais.»

Après avoir connu des débuts fulgurants en France, notamment à cause des radios qui ont diffusé ses premières prestations, Busta Flex se permet aujourd’hui une indépendance dont il dit avoir absolument besoin. Artiste au parcours tortueux, son cheminement explique en partie pourquoi il peut aujourd’hui en faire à sa tête. «J’ai eu un parcours inverse de celui des autres artistes. J’ai commencé très fort à la radio, c’est ça qui m’a lancé, et maintenant je lance un album et ça ne joue nulle part!» Son indépendance d’esprit explique aussi pourquoi il a quitté un peu sèchement le collectif IV My People (formé des controversés NTM, Zoxea et Lord Kossity) l’an dernier. \«Quand tu joues avec d’autres, il doit y avoir une certaine égalité entre les membres, surtout par rapport à ce que chacun peut apporter. Moi, je me sentais étouffé, je ne pouvais pas donner ce que je voulais dans le collectif.» C’est après avoir quitté le groupe qu’il s’est mis à composer ce qui allait devenir un des lbums les plus aboutis du rap français des dernières années. Très américain dans le son, c’est une influence que ne renie nullement le rappeur. «J’adore le rap américain, je crois que Wu-Tang est probablement l’un des meilleurs groupes de rap actuellement. Mais j’aime aussi le rap français, que ce soit IAM ou encore NTM, je trouve que la scène ici est très intéressante.» Question rap québécois, Busta admet n’en connaître que très peu, ce qui en soi est un bon indicateur qui devrait aiguillonner les agents et les compagnies d’ici. «Je connais Dubmatique, mais c’est à peu près tout. Je ne sais pas si c’est une scène intéressante, mais j’ai hâte de la découvrir.»

En attendant, Busta Flex a plein de projets en banque qui, dit-il, le remettront sur les ondes d’ici peu. «Je travaille sur la bande sonore d’un film policier qui s’appelle FÉROCE, et je pense que c’est plus accessible que mon dernier disque. Il y a aussi un album de prévu l’an prochain, j’y travaille actuellement, et c’est beaucoup moins noir.» Busta précise que l’échec radiophonique de Sexe, violence… n’y est cependant pour rien. «Je fais ce qui m’intéresse, un point c’est tout. J’ai déjà fait des choses plus accessibles et je vais en faire encore. Des choses plus sombres aussi, et je ne vais pas m’en empêcher pour des raisons commerciales. C’est ça qui est important.»

Le 5 août
Au Centre Mgr Marcoux