Rockin' Highliners : Société distincte
Musique

Rockin’ Highliners : Société distincte

Le blues canadien a son identité propre. Loin des sentiers empruntés par Muddy Waters, il s’est trouvé l’énergie et la frivolité d’un groupe de ska avec les Rockin’ Highliners.

Être bluesman au Canada n’a rien d’aisé. Parlez-en à Robert Tycholis, leader et chanteur des Rockin’ Highliners, l’une des formations de blues les plus estimées au pays. L’an dernier, il a donné quelque 250 spectacles avec sa troupe, parcouru pas moins de 90 000 km et visité une demi-douzaine de pays. «Le rythme peut paraître infernal, mais pour nous, c’est la seule façon de survivre et de faire connaître notre musique, car on ne peut pas vraiment compter sur MuchMusic ou sur les stations de radio pour diffuser nos chansons», explique le chanteur.

Malgré ce mode de vie parfois difficile, qui contribue au va-et-vient des différents membres, la formation se porte on ne peut mieux. Avec Oh My!, son troisième et plus récent album, elle s’est efforcée de définir davantage sa personnalité musicale, déjà passablement originale avec ses guitares aux accents surf, sa contrebasse boogie, sa batterie teintée de jazz et l’énergique voix de Tycholis, qui rappelle un peu celle de Tom Jones.

Faisant appel aux talents du très respecté Duke Robillard, les cinq acolytes sont parvenus à graver, dans une atmosphère très près de l’environnement live, l’énergie et l’éclectisme propres au groupe, avec un son à la fois vieillot et moderne, où le métissage est omniprésent. «Je trouve que le blues, que ce soit à Edmonton ou ailleurs, est trop souvent prévisible, explique le chanteur. On veut éviter cela absolument et Duke nous a aidés en ce sens, il est devenu le sixième Rockin’ Highliners en studio et a apporté beaucoup d’idées.»

Il est vrai que sur Oh My! on va souvent de surprise en surprise. La pièce de clôture, North Sea Fisherman’s Blues, l’illustre bien. Il s’agit d’un conte musical très atmosphérique, s’étalant sur une dizaine de minutes et comprenant des couplets en français. Pour Tycholis, elle représente l’une des aventures les plus extraordinaires que les Rockin’ Highliners aient vécues, alors que peu avant un de leurs spectacles en Belgique, ils étaient témoins d’une volente tempête qui déferlait sur la mer du Nord. «Quelqu’un m’a alors raconté une légende en rapport avec la statue d’une femme qui regardait en direction de la mer. Elle avait perdu son mari et elle l’appelait continuellement. J’ai donc imaginé cette chanson où un homme quitte la ville pour la mer et on lui a donné un cachet très européen. Quelqu’un objectait que cette pièce n’était pas un blues, mais elle est pourtant bâtie sur une progression de blues traditionnel sur 12 mesures.»

Les Highliners n’ont peut-être pas le même passé musical que leurs voisins du sud, mais ils sont loin d’en faire un complexe. Au contraire, c’est là qu’ils puisent leur originalité et c’est ce qui leur permet de donner une autre dimension au blues. Évidant généralement le genre de son côté sombre pour lui donner un caractère davantage léger et frivole, la formation canadienne offre une musique énergique et métissée qui a sa propre identité: «Nous sommes des Blancs de classe moyenne du Canada qui avons grandi à écouter à peu près tous les styles de musique, explique Robert Tycholis. On ne peut pas ignorer ces influences, mais on veut être plus qu’un band canadien. On veut que le reste de la planète sache ce qui se passe avec le blues au Canada.»y

Le 14 septembre
À L’Autre Caserne

Voir calendrier Rock & Pop