At the Drive-In : Zéro de conduite
Musique

At the Drive-In : Zéro de conduite

Parfois, la lumière vient d’un endroit inattendu. Prenez At the Drive-In, par exemple, parti de son Texas natal afin de livrer la Bonne Nouvelle au public montréalais pour la première fois. Depuis sa récente parution sur Grand Royal (l’étiquette des Beastie Boys), Relationship of Command, leur petit dernier, vient de raviver ma foi dans les vertus purificatrices du rock’n’roll. Il s’agit tout simplement de l’un des meilleurs albums de rock entendus depuis  longtemps.

Parfois, la lumière vient d’un endroit inattendu. Prenez At the Drive-In, par exemple, parti de son Texas natal afin de livrer la Bonne Nouvelle au public montréalais pour la première fois. Depuis sa récente parution sur Grand Royal (l’étiquette des Beastie Boys), Relationship of Command, leur petit dernier, vient de raviver ma foi dans les vertus purificatrices du rock’n’roll. Il s’agit tout simplement de l’un des meilleurs albums de rock entendus depuis longtemps. Du vrai rock, brutal comme une soirée de défonce aux amphétamines, mais qui aurait aussi la subtilité et les détours inattendus d’un trip d’opium. Un groupe complexe: Cedric Bixler, crieur en chef de la formation, ne saurait être réduit au rôle de punk "emo" auquel on a voulu l’assigner. Ses textes, touffus et sibyllins, le mettent certes au-dessus de la mêlée, mais n’essayez pas de le ranger dans la catégorie des punks sentimentaux. "J’essaie de travailler le textes en dehors des patterns habituels; mais dès que ça devient plus intérieur, plus senti, les journalistes nous apposent des termes absurdes comme emo-core." Même si l’on ne sait pas toujours de quoi parlent les chansons de Cedric, elles frappent toujours en plein plexus. Invalid Litter Department, par exemple, est une véritable pièce d’anthologie: une voix parlée sur un complexe enchevêtrement de guitares saturées d’écho, un refrain appuyé de riches harmonies vocales, une ligne de piano on ne peut plus mélo qui se transforme en un délire digne des Flaming Lips; bref, six minutes de pur bonheur.

Une folie parfaitement contrôlée, à l’image de leurs concerts, où le groupe semble pouvoir exploser à tout moment (du moins, si l’on en juge par les extraits glanés sur Internet). À les ragarder, on pourrait croire qu’ils ont bien assimilé les leçons des MC5 et d’Iggy Pop (qui chante d’ailleurs des choeurs sur l’album). "C’est pour ça qu’on a enregistré le disque live, en se regardant dans les yeux et en sautant dans tous les sens, explique Cedric. Même si l’on a ajouté beaucoup de détails par la suite, on voulait garder le sentiment d’urgence."
Si l’on a parlé de leurs États d’origine, il y a peu de chances que vous voyiez les gars d’At the Drive-In brandir le drapeau texan. D’ailleurs, sur la pochette du disque, chaque membre souligne son héritage culturel: un Libanais, deux Mexicains, un Portoricain, un Chilien et un seul Texan "pure-laine". "On est très fiers de notre diversité, culturelle et musicale, lance Cedric. Nous adhérons à la lettre de la philosophie punk, selon laquelle il n’y a pas de règles. J’aurais aimé que Goldie remixe notre disque, mais il n’a pas pu, à cause d’un conflit d’horaire. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas intégrer des éléments électroniques à du rock, c’est tout à fait de notre époque. Les gens que ça insulte peuvent aller se faire foutre; ils font partie de la même espèce que ceux qui ont hué Dylan lorsqu’il a introduit la guitare électrique dans ses chansons."

De toute évidence, ces jeunes Texans issus du mouvement punk (Cedric avoue avoir été éduqué avec les disques de Minor Threat) n’ont jamais été sectaires. "On a des influences tellement variées: je tripe autant sur Sun Ra et Syd Barrett que sur le hardcore, le métal ou même sur le drum’n’bass. On essaie de tout intégrer, mais pas de manière forcée; on ne veut pas ressembler à tous ces groupes de rap-métal merdiques dont la fusion est tellement artificielle qu’on peut apercevoir la colle qui tient les morceaux." On pourra le constater sur scène, l’amalgame d’At the Drive In est soudé solidement. Et comme un bonheur ne vient jamais seul: ils seront accompagnés de deux autres formations tissées serré, International Noise Conspiracy et Murder City Devils.

23 octobre
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